Soldes d'été à Ajaccio : "ce n'est pas si catastrophique"

Clap de fin des soldes d'été depuis le 6 août. À Ajaccio, la saison est correcte selon les représentants de commerçants, même si certains enregistrent une perte de chiffre d'affaires. La ville, malgré les critiques, assure soutenir le secteur.

Quel bilan pour les commerçants à la fin des soldes ? Du mercredi 10 juillet au mardi 6 août 2024, les magasins ont une nouvelle fois proposé des prix cassés. Sacha Chalom, gérant de la boutique de prêt-à-porter Ambre à Ajaccio, a en revanche dépassé la date limite. "On termine ce jeudi 8 août. Il y a encore beaucoup de stock", regrette-t-il.

Lui enregistre une fréquentation en baisse pour cette saison. Jusqu’à 40% de clientèle en moins par rapport à l'an passé. "C’est clairement mitigé. La conjoncture n’est pas terrible, l’inflation on la ressent. Les gens vont sur les sites privés maintenant, et ne vont pas forcément dans les petites boutiques".

"J’espère avoir une belle arrière-saison, faire du chiffre pour tenir cet hiver".

Les soldes, une opération inutile ?

À quelques kilomètres d'ici, Francesca Benvenuti, créatrice pour son magasin Nine Collection à l'aéroport, n'a pas proposé de soldes. "Je gère une petite marque artisanale de vêtements, de bijoux et de colliers. Je ne fais pas de volume. Si je commence à faire du -50%, je ne gagne rien", détaille-t-elle. "Je ne réalise aucun bénéfice quand je fais les soldes, à quoi ça sert ?".

Un manque à gagner pour Francesca Benvenuti, obligée de payer une couturière et une vendeuse. Sans oublier les charges qui pèsent sur son entreprise. Du made in Corsica, qui a un prix. De 139 à 219 euros le produit. "C’est cher, mais il y a du travail derrière".

Une chose est sûre, Francesca Benvenuti est "heureuse d'être à l'extérieur du cœur de ville". En 2023, elle a dû fermer sa première boutique en centre, faute d'affluence. "Les gens ne viennent plus là-bas".

Un constat pas forcément partagé par Marina Fondacci, présidente de la Fédération des associations de commerçants du centre-ville d’Ajaccio. Un formulaire a été envoyé au lendemain des soldes à ses 300 adhérents.

On ne peut pas dire que ça a été mauvais cet été. Ce n’est pas si catastrophique.

Marina Fondacci, présidente de la Fédération des Associations des Commerçants du Centre ville d'Ajaccio (FACCA)

"Les situations sont en réalité très diverses. Pour certains ça marche bien, pour d’autres, c’est plus compliqué", explique la responsable de Una Storia, magasin multimarques.

"Ça varie en fonction du stock, des prix, des propositions faites. Mais on ne peut pas dire que ça a été mauvais cet été. Ce n’est pas si catastrophique"

Faire face à la concurrence

Quelques-uns pointent aussi la bataille avec les grandes franchises, et les nouveaux centres commerciaux à Sarrola-Carcopino depuis 2017. "Il en faut pour tout le monde", rétorque Nicolas Djokovic, manager à Mango. Ce dernier gère également une vingtaine d’enseignes, comme Celio, partout dans la région.

Pour lui, "chacun est libre d’aller où il veut. Nous sommes là pour répondre aux attentes des gens. Nos enseignes parlent à tout le monde et sont aussi abordables au niveau du prix. Certains ne peuvent pas débourser 200 euros pour un vêtement dans certaines boutiques".

Ces magasins franchisés semblent afficher de bons résultats et tirer leur épingle du jeu. À Ajaccio, ils enregistrent même une progression sur les collections.

Un suivi de près

La Chambre de Commerce et d'Industrie (CCI) de Corse-du-Sud organise un suivi régulier sur cette économie locale. Résultat : c’est un bilan en demi-teinte pour cette saison. Valérie Porri Mouren, directrice adjointe à la CCI précise : "le début d'été n’était pas conforme aux attentes. On a eu un mois de juillet assez correct, pour le mois d’août c’est un peu calme". -20% de chiffre d'affaires, par exemple, sur la filière du souvenir.

Un été marqué aussi par les défaillances d’entreprises, en hausse . 411 recensées sur l'île en un an, renouant avec les taux de 2019 selon Corsica Statistica. "Il y a dans le même temps des réouvertures, il ne faut pas être alarmiste. Il faudra étudier ça de plus près car les activités sont très différentes".

Dynamiser le centre-ville

En marge des soldes, la CCI travaille en collaboration avec la mairie pour proposer des événements commerciaux.

Exemple avec les Nocturnes d’Ajaccio. Du 5 juillet au 24 août, des stands sont proposés chaque vendredi pour faire connaître des artisans et commerçants. "Cela amène du monde, et les personnes s’éparpillent plus facilement dans les rues. Ça participe à l’attractivité que nous voulons", dit Alexandre Farina, premier adjoint au maire.

Pas suffisant pour les indépendants, qui fustigent toujours "les travaux de la ville, impactant leur chiffre d’affaires", selon Sacha Chalom, de la boutique Ambre.

Alexandre Farina, qui constate une fréquentation touristique en baisse, défend les choix de la ville. "Les travaux concernent le parking miséricorde. On l’a fait, il y a 300 places de plus. Sur la place Diamant, 200 places vont être livrées fin 2025. Ce ne sera que bénéfique pour tout le monde". En attendant, franchisés ou non doivent se serrer la ceinture pour continuer à faire vivre le centre-ville d'Ajaccio.

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