À la veille du débat sur le premier budget de la Collectivité de Corse, Laurent Marcangeli menace d'attaquer en justice. Le maire d’Ajaccio demande la prise en compte de 10 millions d'euros d'allégement d'emprunts. Un dispositif voté par le conseil départemental de la Corse-du-sud.
10 millions d'euros sinon rien. Ajaccio réclame à la collectivité de Corse l'argent promis par le conseil départemental de la Corse-du-Sud. En juillet 2017, 10 millions d'euros d'allègement d'emprunts avaient été votés en commission permanente.
« L’esprit de la loi, c’était de prendre en compte ce que les collectivités précédentes avaient décidé. Maintenant, il y a de nouvelles lignes politiques, je ne m’amuserai pas à demander à la nouvelle majorité de nouveaux allègements d’emprunts qui ne viendront jamais. Je demande juste à ce que ceux qui avaient été décidés par des gens légitimes à leur place pour le faire soient honorés. Que ça plaise ou pas », a indiqué Laurent Marcangeli, maire d’Ajaccio lors du dernier Conseil municipal.
Entre 2014 et 2017, la ville d'Ajaccio et le défunt conseil départemental, présidé par Pierre-Jean Luciani, filent le parfait amour. En juillet 2015, 10,5 millions d'euros d'allègement d'emprunts sont votés par le département.
« Un intérêt qui va au-delà de la ville »
Cette somme a été payée. Reste la deuxième vague, le nouvel allègement voté en juin 2017. Soit à nouveau 10 millions d'euros. « Il s’agit d’emprunts qui ont financé des opérations, des équipements, des projets qui portent un intérêt qui va au-delà de la ville. C’est pour ça que le département, par exemple, quand vous avez financé un équipement comme le Palatinu, il n’y a pas que des Ajacciens qui profitent de cette infrastructure. C’est au titre de la solidarité financière », estime Stéphane Sbraggia, premier adjoint au maire d’Ajaccio.
De son côté, le président du conseil exécutif de Corse, Gilles Simeoni, indique : « Cette décision n’a pas été votée par le conseil départemental, elle a été prise en commission permanente. Elle n’a pas fait l’objet d’un arrêté attributif de subventions. Au-delà de ces bizarreries juridiques, elle crée surtout une rupture d’égalité terrible, puisqu’il y avait déjà eu 10 premiers millions dans les années 2015-2016-2017. Quelques semaines avant la création de la nouvelle collectivité de Corse, on fait peser une nouvelle dette potentielle de 10 millions d’euros. C’est une rupture d’égalité avec les autres communes. »
Plusieurs fois, l'exécutif s'est plaint des largesses de Pierre-Jean Luciani. Le maire d'Ajaccio menace de déférer le budget. Cette procédure pourrait prendre la forme d'un recours auprès de la chambre régionale des comptes.