Une photographe ajaccienne remporte un prix dédié à la lutte contre le cancer du sein

Sylvie Ghislain-Leandri a remporté, le 11 novembre dernier, le prix du public Téva dans le cadre du Estée Lauder Pink Ribbon Photo Award. Ce concours organisé par le groupe auquel appartient la prestigieuse marque de cosmétiques récompense des clichés en lien avec la lutte contre le cancer du sein.

Au centre de la photo, Laurence est solaire.

Ce n’est pas tant l’étoffe orange de son vêtement, ni même le contraste avec les autres silhouettes, sombres et de dos, qui créent ce clair-obscur saisissant. C’est avant tout son sourire, qui se détache intensément de l’image.

Pourtant, sur ce cliché, Laurence porte les stigmates de la maladie. Elle a perdu ses cheveux. Mais ce n’est pas cela que l’on retient. C’est plutôt une joie de vivre, celle qu'elle inspire à Sylvie, auteure de la photo, depuis leur rencontre.

Les deux femmes ont fait connaissance durant l'été, lors d’une vente caritative au profit de l’Arcu Sole, une association qui vient en aide aux femmes atteintes par un cancer. "Je rencontre Laurence que je trouve belle, rayonnante et très positive", se souvient Sylvie.

Immédiatement, la photographe lui propose de poser pour le concours Estée Lauder Pink Ribbon Photo Award.

Organisé par le groupe détenant la célèbre marque de cosmétiques, il vise à sensibiliser le grand public au dépistage précoce des cancers du sein. Les photographes participants doivent mettre en scène des modèles atteintes par la maladie.

L'évènement a une résonance particulière pour Sylvie : militante de la cause de longue date, elle a elle-même été opérée d’une tumeur au sein il y a deux ans.

Visible et invisible

L’idée emballe Laurence. Deux jours après leur rencontre, rendez-vous est pris. La modèle d’un jour vient avec ses parents, sa fille et des amis sur le lieu du shooting.

Ils réfléchissent ensemble au thème du concours. Cette année, "Invisibles". Une invitation "à rappeler que chaque histoire de vie est unique, quand bien même la maladie tendrait à enfermer dans un groupe et à gommer les individualités", indique le site internet de l'évènement.

Invisible, c’est précisément ainsi que se sent parfois Laurence, jusque dans le regard de ses proches, où la maladie prend toute la place. "Je crois qu’elle avait envie de dire : regardez, je suis malade mais vivante", confie Sylvie.

"Je ne savais pas que j’étais si belle"

Laurence tient à poser sans le turban qu’elle enroule habituellement autour de sa tête nue. "Mon but était de poser chauve afin de transmettre un message à toutes ces femmes qui se cachent."

L’objectif aussi, faire accepter cette nouvelle image d’elle à sa famille. "Ils n’arrivaient pas à me voir chauve. Mes parents avaient cette tristesse dans le regard et c’était très compliqué à gérer pour moi. La séance photo a été un tel moment de partage, d’amour et de communion que ça les a fait évoluer. Ça les a libérés", livre-t-elle.

"La première victoire est d’avoir eu un effet thérapeutique sur la famille, confirme la photographe. Ils m’ont tous remerciée. Et Laurence m’a dit : « Je ne savais pas que j’étais si belle ». C’était très intense."

Le résultat est à la hauteur des espérances des deux femmes. "On voulait faire ressortir le bonheur d’être en vie, c’est ce qui transparaît de cette photo", souligne Laurence.

Et pour cause, une semaine plus tôt, elle apprenait que les résultats de ses derniers examens médicaux étaient encourageants.

"Depuis le début, j’ai senti qu’on allait gagner"

Le cliché est retenu parmi les 40 finalistes, sur plus de 400 participations. Il fait ensuite partie de la sélection du magazine Polka, spécialisé dans la photographie.

Et, le 11 novembre dernier, c’est la consécration. La photo se voit attribuer le prix du public Téva 2023, grâce au vote des internautes. La récompense est remise à Sylvie au Grand palais Éphémère, à Paris.

"Depuis le début, j’ai senti qu’on allait gagner", avoue Laurence, qui, néanmoins, ne cache pas sa joie. "Sylvie a fait cette photo avec beaucoup de bienveillance, elle mérite sa victoire. Pour ma part, je suis contente que cette photo de moi chauve n’effraie personne. C’est un message d’espoir."