Assassinat d'Yvan Colonna : la commission d'enquête s'interroge sur un "possible effacement d'informations" concernant Franck Elong Abé

Lors d'une conférence de presse organisée ce mercredi 15 mars à Paris, Jean-Félix Acquaviva et Laurent Marcangeli sont revenus sur les deux premiers mois de travaux de la commission d'enquête parlementaire chargée de "faire la lumière" sur l'assassinat d'Yvan Colonna. Les deux députés ont divulgué de nouvelles informations sur des faits survenus la veille de l'agression à la centrale d'Arles.

Mercredi 15 mars, Jean-Félix Acquaviva et Laurent Marcangeli ont tenu une conférence de presse sur les travaux de la commission d'enquête parlementaire "chargée de faire la lumière sur les dysfonctionnements au sein de l’administration pénitentiaire et de l’appareil judiciaire ayant conduit à l’assassinat" d'Yvan Colonna. 

L'occasion de faire un point d'étape, après les 25 premières auditions menées par les parlementaires depuis le 11 janvier dernier. Mais aussi de divulguer de nouvelles informations qui "n'apparaissaient pas dans les documents transmis par l'administration pénitentiaire". Notamment dans la fiche carcérale de Franck Elong Abé qui ne comporte plus d'observations à partir du 29 janvier 2022, soit un gros mois avant l'agression dont a été victime Yvan Colonna à la centrale d'Arles.

"Nous avons de grandes interrogations sur la transmission d’informations."

Jean-Félix Acquaviva

Par le biais de son rapporteur Laurent Marcangeli, la commission d'enquête a donc demandé des documents supplémentaires concernant ces absences d'informations.

"L'un des documents a été transmis par le renseignement pénitentiaire, explique Jean-Félix Acquaviva, président de la commission. Il fait état d’informations émises par un agent pénitentiaire qui parle d’une conversation ayant eu lieu le 1er mars (2022), la veille de l'assassinat, entre trois détenus, dont Franck Elong Abé. Lors de cette conversation, la phrase "je vais le tuer" est apparue. L'agent fait aussi état d'un changement de comportement de Franck Elong Abé la veille (de l'assassinat) qui vidait sa cellule." 

"Nous avons de grandes interrogations sur la transmission d’informations", poursuit le député autonomiste de Haute-Corse pour qui "ces deux informations auraient dû porter encore plus d'attention sur la surveillance de l'individu et pu éviter le drame du 2 mars". 

"Effacement des données ?"

Les interrogations se concentrent également sur un potentiel "effacement de certaines données" de la fiche carcérale GENESIS de Franck Elong Abé qui a été alimentée de 2014 à fin janvier 2022 de "3-4 observations par mois", dixit Jean-Félix Acquaviva. 

"Une rupture d’informations, un mois avant le drame, cela nous a fortement interrogés, ajoute-t-il. Les agents de la centrale nous disent que c’est impossible à comprendre." 

Raison pour laquelle l'absence des observations constatées la veille de l'agression par la surveillante pénitentiaire "intrigue" les députés.

"J'ai été particulièrement surpris la semaine dernière de voir un compte rendu émanant du renseignement pénitentiaire où il est fait mention d'une discussion entre codétenus, explique de son côté Laurent Marcangeli. C'est un fait établi qui n'était pas mentionné dans le premier document qui nous avait été envoyé avec une fin de l'histoire le 29 janvier (2022)."

"Ces informations, reprend Jean-Félix Acquaviva, n'apparaissaient pas alors qu'une information plus mineure, établie par le même agent le même jour concernant un échange de paquet de pâtes apparaît." Et d'ajouter : "à ce stade, nous avons donc les plus grandes interrogations et les plus grands doutes quant à la gestion de ces logiciels et au possible effacement de ces données. Cette hypothèse est largement sur la table vu les transmissions de ces données. Nous ne nous interdisons pas tout processus judiciaire au vu de la gravité de ces informations."

Laurent Marcangeli "ne s'explique pas" ces absences dans les fichiers. "Pourquoi nous a-t-on envoyé des comptes rendus qui s'arrêtent au 29 janvier 2022 ?", lâche-t-il tout en indiquant que la commission pourrait "reauditionner" des personnes déjà entendues. 

Il y a trois détenus dans une même pièce, dont Franck Elong Abe, et la surveillante entend l’un de ces détenus dire "je vais le tuer". On est à la veille du drame. Et personne ne nous l’a mentionné dans les auditions. Ça n’apparaît pas dans la fiche GENESIS de Franck Elong Abé. Ce sont des éléments particulièrement troublants", analyse le président du groupe Horizons et rapporteur de la commission d'enquête avant de souligner : 

"Ce qui m’anime, c’est l’exigence de vérité. Je voudrais quand même qu’on ne laisse pas de place aux soupçons", précise celui dont les conclusions seront rendues au mois de mai.

En attendant, ce jeudi 16 mars, la commission poursuit ses travaux avec l'audition de plusieurs avocats.

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