En France, le fichier de gestion nationale des personnes écrouées pour le suivi individualisé et la sécurité centralise toutes les données de chaque détenu. Sur la fiche de Franck Elong Abé, agresseur d'Yvan Colonna à la centrale d'Arles, aucun commentaire n'a été inscrit en février 2022. Les membres de la commission d'enquête parlementaire s'interrogent et pointent "une zone d'ombre".
Genesis, un nom qui marquera peut-être un rebondissement dans l’affaire de l’assassinat d’Yvan Colonna.
Il s’agit en fait du logiciel qui centralise toutes les données concernant les personnes détenues.
Cette base de données recense les détails judiciaires, médicaux et administratifs relatifs aux prisonniers, ainsi que les observations glanées quotidiennement par les surveillants pénitentiaires.
La commission d’enquête parlementaire sur l’affaire Colonna s’est procurée la fiche Genesis de Franck Elong Abé. Un document que France 3 Corse a pu consulter.
De 2014 à janvier 2022, toutes les observations concernant le détenu djihadiste classé DPS (détenu particulièrement signalé) apparaissent.
Problème : à partir du 29 janvier 2022, soit un mois avant l’agression d’Yvan Colonna, aucun commentaire n’est ajouté.
Pour le député RN Romain Baubry, membre de la commission d’enquête, cette interruption pose question. "Elle paraît inhabituelle au vu de l'historique des observations qu'il y a pu avoir sur Franck Elong Abé, souligne-t-il. Effectivement, un mois sans observations, c'est du jamais-vu. Lorsque l'on prend tous les événements passés, toutes les observations qu'il y a pu avoir dans son parcours carcéral, effectivement, ça interroge."
"Il reste deux autres hypothèses"
De son côté, Jean-Félix Acquaviva partage les interrogations du député des Bouches-du-Rhône.
Pour le président de la commission d’enquête, il s’agit d’une nouvelle zone d’ombre. Il demande des explications précises.
"Il reste deux autres hypothèses, expose le député de la deuxième circonscription de Haute-Corse : soit un laisser-aller total qui fait que les agents n'ont pas fait remonter (les informations, ndlr) ; cela ne semble pas être dit par les syndicats qui disaient clairement que ce qui les étonnait c'est qu'ils faisaient remonter des tas d'informations concernant Franck Elong Abé et que c'est à l'échelon supérieur que les choses n'étaient pas intégrées, et qu'ils n'avaient pas de retour sur ce qui était fait des ces informations. Il reste donc la dernière hypothèse, soit un effacement des données. La question c'est "pour quelles raisons ?""
Une question à laquelle la commission d’enquête s’attellera à répondre.
Contactée, l’administration pénitentiaire n’a pour l’heure pas répondu à nos interrogations sur le sujet.
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