Présentée comme plus "transparente" et plus "enrichie" que les autres années, Parcoursup 2025 tente, selon le ministère de l'Éducation nationale, de répondre aux critiques que la plateforme reçoit depuis son ouverture. Des nouveautés qui ne suffisent pas à apaiser les craintes des syndicats étudiants et lycéens.
À l'autre bout du fil, Sofia Tizaoui s'interdit d'être dupe. Pour la secrétaire nationale d'Île-de-France de l'Union syndicale étudiante (USL), tout cela s'apparente à de "l'enfumage". L'ouverture de Parcoursup prévue ce 18 décembre s'accompagne de "trois grandes évolutions", avance le ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche. L'aboutissement "d'un travail de concertation d'un an avec la consultation de 645 000 lycéens", dont l'institution se félicite.
La principale nouveauté réside dans la possibilité de comparer son profil avec les données des admis des années précédentes et, ainsi, estimer ses chances d'accès aux formations. "Il y a une crainte que ce système augmente l'auto-censure", s'inquiète Sofia Tizaoui.
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Un tri social selon les syndicats
"Aura-t-on des informations sur la localisation des lycées ?" interroge la secrétaire nationale de l'USL pour qui le "risque de discrimination territorial" n'est en rien réglé. "Un élève du 93 est encore désavantagé par rapport à un élève parisien", estime-t-elle. "Tout ça ne repose pas que sur les notes. On a tellement été mis à l'écart dans ce département qu'une passerelle spéciale a été mise en place pour accéder à Sciences Po et à l'université Paris-Dauphine", note-t-elle.
Sur ce point, Nathan Guillemot la rejoint. "Ces avancées ne corrigent pas les inégalités territoriales. Vous pouvez avoir tous les systèmes que vous voulez, ça ne sert à rien si c'est pour se retrouver avec des élèves sur le carreau", juge celui qui fait partie de la direction de l'Union étudiante.
Parcoursup : l’UNEF et les « sans-facs » dénoncent un « tri social » et un manque de places à l’université pic.twitter.com/ABg9sJs3Hn
— France 3 Paris/Ile-de-France (@France3Paris) July 17, 2024
La sélection en fonction du lycée de provenance "n'existe pas", affirme de son côté le ministère de l'Enseignement et de la recherche qui garantit que "tous les lycéens d'Île-de-France ont désormais la même priorité depuis 2019".
"Tout n'est pas à jeter"
Autre changement majeur : les débouchés et les salaires à l'issue des parcours seront disponibles pour 75 % des formations. "Ça peut aider à mieux faire ses choix", tempère Sofia Tiazoui.
"Le principe de vouloir réduire les inégalités d'accès est toujours louable", ajoute Nathan Guillemot qui, lui, trouve que connaître ses chances d'accès reste "intéressant" et peut contribuer à "casser l'auto-censure".
À propos de la nouvelle option "carte d'identité" qui regroupe toutes les informations d'une formation sur une même page, le militant de l'Union étudiante soupire. "Quand on voit ce genre d'avancée, on se demande : d'où partait-on ? D'une plateforme hyper abrupte pour les utilisateurs en 2018."
Suppression pure et simple
Le dispositif qui se porte garant de l'avenir de près d'un million de lycéens chaque année, est régulièrement pointé du doigt par les candidats. Le 12 décembre, près de 150 lycées français étaient bloqués suite à l'appel à la protestation de l'USL qui demande toujours la suppression de Parcoursup. Le même jour, l'Union étudiante sollicitait une mobilisation "contre la sélection et la précarisation".
🔥 Demain: la #RiposteLycéenne continue !
— Union Syndicale Lycéenne | USL (@USLSyndicat) December 11, 2024
💥 L'USL appelle au blocage des lycées contre l'austérité, contre Parcoursup et la pression scolaire.
Un nouveau gouvernement sera bientôt nommé: construisons le rapport de force dans la durée ! pic.twitter.com/cyj3QI1Jp3
"Ces changements ne vont pas forcément dans le mauvais sens. Mais la question n'est pas là", glisse le militant de l'Union étudiante. Pour lui, le premier problème de la plateforme réside sur "le principe de filtrage des étudiants à l'entrée de l'université".
Autant sur cette position que dans leurs revendications, l'Union étudiante et l'USL s'accordent. "À court terme, on milite pour l'augmentation des places à l'université. Mais à long terme, on veut la suppression de cette plateforme qui broie l'avenir des lycéens", martèle Sofia Tizaoui.
Le ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche "entend cette critique" mais avance que "le baromètre mis en place depuis 4 ans démontre une autre réalité. Les utilisateurs sont plutôt attachés à la plateforme". Les indicateurs de l'opinion des utilisateurs sur Parcoursup sont en hausse mais la part importante (83 %) des candidats stressés par le dispositif se stabilise.
Selon le bilan ministériel fourni début octobre sur Parcoursup 2024, 13,3% des 945 500 candidats n'ont pas reçu de proposition d'admission en 2024 contre 12,2% en 2023.