La visite de la maison centrale d'Arles a en grande partie confirmé ce que les auditions menées à l'Assemblée nationale avaient mis en lumière :les manquements de l'administration pénitentiaire.
Les couloirs du rez-de-chaussée de la maison centrale, la cellule d'Yvan Colonna, la salle de sport où le berger corse a été mortellement agressé, le fameux pic, ce centre de contrôle des vidéos de surveillance qui n'a pas révélé aux surveillants ce qui se passait à quelques mètres d'eux...
Tous ces endroits, la commission d'enquête parlementaire en charge du dossier Colonna les a arpentés mille fois, en pensée, lors des auditions qui sont menées depuis le début de l'année. Hier, un an presque jour pour jour après les faits, neuf députés se sont enfin rendus sur place, pour donner plus de réalité concrète aux milliers de pages de dossiers, et aux dizaines de témoignages, qu'ils ont compulsées et recueillis.
Sur le terrain
Ils étaient neuf à avoir fait le déplacement. Parmi eux, Jean-Félix Acquaviva, président de la commission, et Laurent Marcangeli, rapporteur.
Incontestablement, il y avait une manière de gérer l'établissement qui a en grande partie concouru à l'événement qui a causé la mort d'Yvan Colonna
Laurent Marcangeli
Après la visite, ils ont rencontré, durant plus d'une heure, les délégués syndicaux. Un moment fort, pour Laurent Marcangeli : "leur désarroi m'a marqué. Unanimement, ils ont souligné le travail, ou plutôt l'absence de travail, de la précédente directrice, qui était aux responsabilités au moment où Elong Abé et Yvan Colonna étaient ici. Incontestablement, il y avait une manière de gérer l'établissement qui a en grande partie concouru à l'événement qui a causé la mort d'Yvan Colonna".
Pas de blasphème
Les personnels ont également rejeté, pour beaucoup, la thèse d'un blasphème du Corse, qui aurait causé sa perte. C'est ce qu'explique Thomas Forner, délégué syndical UFAP à Arles : "Pour mes collègues et moi-même, il est difficile d'y croire. Rien n'est impossible, mais cependant, le profil de Colonna, son parcours carcéral, nos observations quotidiennes, et les rapports que j'ai pu avoir avec lui ne le laissent pas vraiment penser".
La rencontre a également permis de revenir sur le profil de l'assassin, Franck Elong Abé. Un élément absolument nécessaire, selon Jean-Félix Acquaviva. "On nous parle de lui comme de quelqu'un qui était beaucoup plus dangereux qu'il n'était fou... Un homme capable de manipulation, très réfléchi, structuré, qui parlait peu. Tout cela est très important pour comprendre, in fine, la trajectoire, le comportement et les actes".
La journée s'est terminée par une réunion, à huis clos celle-là, avec la commission de l'établissement chargée des détenus particulièrement surveillés, les fameux DPS.
Dès aujourd'hui, les auditions ont repris à Paris.