Jeudi 16 février, les auditions organisées dans le cadre de la commission d’enquête parlementaire sur l’assassinat d’Yvan Colonna ont été éminemment politiques. Ainsi, l’ancienne ministre de la Justice et deux anciens députés ont été interrogés. L’occasion de soulever de nouvelles interrogations.
Ni consigne, ni instruction, ni traitement particulier pour Yvan Colonna. C’est ce qu’a déclaré l’ancienne garde des Sceaux entre 2017 et 2020.
Lors de son audition, Nicole Belloubet a pris le soin de rappeler qu’il n’y avait pas de prisonniers politiques en France, mais que les détenus corses et basques faisaient tout de même l’objet d’une surveillance particulière.
« Ai-je reçu des interventions ou des instructions non dites ? La réponse est clairement non. En revanche, nous avons eu des réunions au sujet des détenus corses, et des détenus de basques. Mais je n’ai jamais reçu d’interventions me disant : ‘Il faut faire ceci ou il faut faire cela’ », déclare-t-elle.
Contrairement aux précédentes journées d’auditions, celle du jeudi 16 février, a été très politique. Les anciens députés François Pupponi et Bruno Questel ont également été interrogés. Ils ont qualifié leur rôle de facilitateur dans le dossier corse.
Confidence
Ils ont affirmé à plusieurs reprises et avec conviction que la gestion d’Yvan Colonna était politique. « Effectivement, il y avait une gestion politique, bien sûr, on ne peut pas le nier. Pourquoi on a eu tous ces dérapages en 2021-2022, le sentiment qui est le mien, c’est parce qu’on se retrouve dans une situation qui est unique où le ministre de la Justice est empêché et interdit de s’occuper du dossier. On lui dit : ‘Vous avez été l’avocat d’Yvan Colonna, vous vous déportez’. Ce que l’on peut comprendre, et c’est transféré à Matignon », soutient François Pupponi.
Les deux hommes se sont ensuite livrés à une confidence : Emmanuel Macron s’était bien engagé, de manière officieuse, à rapprocher les trois derniers détenus du commando Erignac à Borgo, après l’élection présidentielle.
Au vu statut DPS (détenu particulièrement signalé), des aménagements avaient été prévus et budgétisés, selon eux. Ce qu’a pourtant nié le directeur de l’administration pénitentiaire. « Bien évidemment que l’administration pénitentiaire était saisie de la question des travaux, puisque les marchés ont été lancés, dans le cadre des préconisations formulées par le rapport de l’inspection générale. J’ai des écrits », dévoile Bruno Questel.
Les travaux de la commission d’enquête parlementaire reprendront dans une dizaine de jours. Cette fois, il ne sera pas question d’audition, mais d’un déplacement à la prison d’Arles. L’objectif pour ses membres : s’imprégner des lieux et mieux comprendre les circonstances de l’assassinat d’Yvan Colonna.