Assassinat de Gilles Saoli à Ajaccio : « Il n’appelle pas les secours, il l’achève. C’est un acte de sang-froid »

L’avocate de la partie civile a plaidé, mercredi 11 octobre, devant la cour d’Assises de Corse-du-Sud. Elle défend la famille de Gilles Saoli tué de trois balles dans un appartement de la vieille ville d’Ajaccio le 21 février 2021.

« Lorsque Kévin Auzeric tire, Gilles Saoli est de dos. Ce n’est pas un tir de défense, ce n’est pas un tir de panique. C’est une exécution, et on finit le travail, on recharge et on lui tire une balle dans le front, on recharge et on lui tire une balle dans le cœur. Kévin Auzeric n’appelle pas les secours, il l’achève. C’est un acte de sang-froid. »

Lors de sa plaidoirie, mercredi 11 octobre, Maître Laetizia Ziller, avocate des parties civiles, a demandé à la cour d’Assises de Corse-du-Sud de « rendre justice » à la victime. L’homme de 44 ans, toxicomane, a été tué par Kévin Auzeric le 21 février 2021 dans un appartement de la vieille ville d’Ajaccio.

Ce soir-là, tout part d’une dispute entre les deux hommes, sur la place Diamant. Gilles Saoli souhaite depuis quelque temps que le jeune homme, 18 ans au moment des faits, quitte l’appartement dans lequel il l’héberge.

« Soit on s’en va, soit on élimine »

Mardi, le principal accusé a expliqué à la barre avoir eu peur de son logeur. Selon lui, il le menaçait très régulièrement de mort. « Il s’est vu proposer des logements, il a refusé. Quand on a peur, soit on s’en va, soit on élimine. C’est cette solution qui a été choisie par Kévin Auzeric, car Gilles Saoli devenait trop encombrant, il gênait », estime Me Laetizia Ziller.

Durant les trois jours de procès, la victime a été décrite comme « violente », « bagarreuse », « bruyante ». Gilles Saoli est très défavorablement connu des services de police pour des faits de violence dont il est « principalement auteur », a notamment précisé le commandant de police en charge de l’enquête lors de son témoignage.

Mais l’avocate des parties civiles rappelle : « Aujourd’hui, on ne fait pas son procès. » « Gilles Saoli avait le verbe haut, il avait besoin de s’affirmer par la parole. Son beau-père vous l’a décrit, c’est un homme de petit gabarit, chétif. » Elle continue : « D’après les témoignages de plusieurs voisins, Gilles Saoli avait pris Kévin Auzeric sous son aile, et ils ne se souviennent pas de disputes violentes. »

« Elle récupère son fils dans une boîte »

Me Laetizia Ziller souligne qu’après les faits, Kevin Auzeric est parti rejoindre sa bande de copains. « Il en parle à tout le monde. Ils étaient tous au courant. » Au côté du principal accusé, trois autres jeunes hommes sont poursuivis pour modification d’une scène de crime et/ou non-dénonciation d’un crime : Marc-Antoine Remiti, Jean-Pascal Mileo et Hugo Gris-Thomas.

Si Kevin Auzeric a changé de version au cours du procès, assurant qu’il était seul à s’être débarrassé du corps, Me Laetizia Ziller s’appuie sur une audition du principal accusé. « Il dit qu’ils étaient plusieurs, que l’un surveille pendant que l’autre l’aide à porter le corps. Il dit que c’était lourd, compliqué ».

Le corps de Gilles Saoli sera retrouvé trois semaines plus tard, sur la route de Lava, à Alata. Le cadavre est en très mauvais état. « Sa mère a récupéré son fils dans une boîte. C’est violent, mais c’est la réalité. Et celui qui a fait ça est devant vous. La vie humaine est sacrée, et celle de Gilles Saoli aussi. Il ne méritait pas ça, peu importe son passé. Sortir de la drogue est un chemin de croix et il n’a pas réussi », déclare Me Laetizia Ziller.

Le procès se poursuit ce jeudi, par les réquisitions de l’avocate générale et les plaidoiries de la défense. Kévin Auzeric encourt la réclusion criminelle à perpétuité, ses trois co-accusés jusqu’à trois ans de prison.

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