Assassinat de Gilles Saoli : « Ce qu’il a fait est inconcevable, impardonnable, mais c’est mon fils, il a besoin de moi »

Depuis lundi 9 octobre, la cour d’Assises de Corse-du-Sud juge quatre personnes accusées de l’assassinat de Gilles Saoli en février 2021 et/ou de la modification d’une scène de crime. Lors du premier jour d’audience, le tribunal s’est intéressé à la personnalité du principal accusé et à sa relation avec la victime.

C’est sur « le Diamant », à Ajaccio, que Kévin Auzéric rencontre Gilles Saoli pour la première fois. En d’octobre 2020. Il est introduit auprès du quarantenaire par deux SDF qu’il a rencontrés sur la même place. Encore mineur, Kévin Auzéric vient de fuguer de son foyer et est à la recherche d’un logement. 

Sensible à son état, Gilles Saoli lui propose d’aménager dans un appartement qu’il possède dans la vieille ville, près de la cathédrale. Il réside lui-même dans l’immeuble, quelques étages plus haut. Gilles Saoli est toxicomane, défavorablement connu des services de police. Il est décrit comme « violent », « bagarreur » et « bruyant » par ses voisins. 

Entre les deux hommes, les relations se détériorent rapidement. « Il y a eu de plus en plus de violences verbales, des menaces et des violences physiques la veille des faits », explique Kévin Auzéric à la barre. 

Il « ressort seul 22 minutes plus tard »

Ainsi, le 21 février 2021, une altercation éclate entre Kévin Auzéric et Gilles Saoli sur « le Diamant ». Durant l’échange, selon les témoignages des co-accusés, Gilles Saoli menace de mort le jeune homme. Le duo s’écarte du groupe et regagne l’appartement près de la cathédrale. D’après les caméras de video-surveillance, Kévin Auzéric « ressort seul, 22 minutes plus tard ». 22 minutes durant lesquelles le jeune homme aurait tiré à trois reprises sur son logeur, deux fois dans la tête et une fois dans le cœur. De retour auprès de ses amis il confie à l’une d’entre eux : « C’est fait, j’ai tué Gilles ». 

Les jours suivants, près de la cathédrale, sur le Diamant, plus aucune trace de Gilles Saoli. Dans l’immeuble, Kévin Auzéric raconte que l’homme a vidé son appartement et est parti. Il explique à une voisine que le quarantenaire a recommencé à se droguer et qu’il lui a vendu ses meubles pour 900 euros. En parallèle, selon ses déclarations, il nettoie l’appartement à l’eau de Javel et se débarrasse du corps, à Alata, avec l’aide de deux de ses co-accusés, Marc-Antoine Remiti et Jean-Pascal Mileo. Le corps de Gilles Saoli ne sera retrouvé que trois semaines plus tard, le 17 mars 2021. 

« La souffrance n’a jamais été identifiée »

A tout juste 20 ans, Kévin Auzéric a déjà été condamné à deux reprise. En 2019, il a écopé d’une peine de deux ans de prison, par le tribunal pour enfants de Bastia, pour viols incestueux, viols, agressions sexuelles incestueuses et agressions sexuelles, le tout sur mineurs de moins de 15 ans. Deux ans plus tard, il est condamné à un an de prison pour trafic de stupéfiants.

Il décrit une « vie compliquée » marquée par la « violence » de son « géniteur ». Sa scolarité est « chaotique ». Il est exclu de plusieurs établissements à cause de « problèmes de comportement », est hospitalisé quelques semaines à 14 ans pour « trouver des explications », fréquente plusieurs foyers. « Mais la souffrance n’a jamais été identifiée », livre sa mère au tribunal. 

Questionnée sur le parcours de son fils par la présidente du tribunal, elle explique en sanglotant : « Ce qu’il a fait est inconcevable. Mais c’est mon fils, il a besoin de moi et je suis là. C’est impardonnable, mais je l’aime et je ferrai tout pour l’aider. »

Kévin Auzéric encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Ses co-accusés, Marc-Antoine Remiti, Jean-Pascal Mileo et Hugo Gris-Thomas jusqu’à trois ans de prison pour modification de l’état des lieux d’un crime et/ou non dénonciation d’un crime. 

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