Les rotations maritimes entre la Sardaigne et la Corse ont été réduites, conséquence de la situation sanitaire. Mardi 23 mars, des transporteurs routiers, dont une grande partie de Sardes, ont bloqué un ferry au départ de Bonifacio pour interpeller la préfecture à l'origine de cette décision.
À la tombée de la nuit ce mardi 23 mars, une trentaine de transporteurs sardes et corses ont bloqué un ferry au départ de Bonifacio. L'action symbolique s'est déroulée sans accroc. Après une petite heure d'immobilisation, le ferry a finalement pu repartir jusqu'au port de Santa Teresa di Gallura, en Sardaigne.
"Nous avons discuté entre nous et nous voulions que cela reste symbolique. On avait décidé de ne pas bloquer le navire toute la nuit", accorde Jacques Fieschi, transporteur routier qui a pris part à l'action. Avec ses homologues italiens et quelques Corses, il a souhaité interpeller le préfet de Corse-du-Sud, à l'origine d'une décision "incompréhensible".
"Il n'y a plus assez de place"
Conséquence de la crise du Covid-19 et des consignes sanitaires, le Préfet a décidé de réduire les rotations des ferries entre la Corse et la Sardaigne. "Nous sommes passés de 21 rotations par jour, à seulement 8. Cet hiver, un seul bateau assurait les liaisons. Les mercredis et les week-ends, aucun navire ne circulait", regrette le transporteur routier.
Une décision regrettable pour les Italiens et les Français : "C'est difficile, il n'y a plus assez de place pour traverser. Je suis obligé de refuser des contrats parce que je ne peux pas me rendre en Sardaigne. Economiquement, cette décision ne tient pas debout, la Sardaigne est une zone blanche (l'île est passée au niveau orange depuis le 22 mars, ndlr), où l'activité économique reste stable", poursuit Jacques Fieschi.
Vers une montée en puissance ?
Le syndicat professionnel des transporteurs de la Corse (SPTC) n'a pas participé au blocage : "Les 40 entreprises que nous représentons n'utilisent que très rarement cette liaison. Il n'y a pas beaucoup de place et la traversée de Bonifacio est contraignante. Mais si une de nos entreprises avait été concernée, on serait monté au créneau", explique le président Jean-Marie Maurizi.
Les transporteurs sardes et corses demandent désormais un retour à la normale. Ce qui n'est pas prévu dans l'immédiat, selon la préfecture : "Le coordonnateur pour la sécurité, Michel Tournaire, doit se rendre à Bonifacio, ce jeudi pour une réunion avec la collectivité de Corse, la coordination sécurité, les gestionnaires du port, la compagnie Moby Lines et la Chambre de commerce. Il y sera question d'une montée en puissance des liaisons à partir du 1er avril."
Davantage de rotations pourraient ainsi être mises en place dans les prochaines semaines. Mais le nombre de liaisons devrait rester en dessous des attentes des transporteurs : "Nous avons diminué les échanges suite aux restrictions sanitaires afin de mieux assurer les contrôles", ajoute-t-on du côté de la préfecture.
Les transporteurs soutenus
Dans un communiqué de presse, l'associu Popoli del Mare dont l'activité est de promouvoir les relations entre la Corse et la Sardaigne, a apporté son soutien aux transporteurs corses et sardes : "Alors que la Sardaigne était dans une situation sanitaire bien meilleure que certaines régions françaises ou italiennes avec qui les contacts sont très fréquents et les contrôles moins rigoureux, le préfet réduit unilatéralement, et sans concertation aucune avec les autorités élues de Corse et de Sardaigne, le trafic à une seule liaison par jour", écrit son président Denis Luciani.
"Si on voulait utiliser le pretexte de la crise sanitaire pour réduire les relations entre les deux îles on ne s'y prendrait pas autrement", ajoute-t-il avant de conclure : "S'attaquer une nouvelle fois à ces relations maritimes, alors que l'épidémie se propage en Corse sans aucun lien avec le trafic entre Bunifaziu et Santa Teresa di Gallura, est inacceptable."