Environnement : à Bonifacio, U Levante dénonce la construction d’une villa sur un espace remarquable

Des photos aériennes, prises à Bonifacio, montrent qu’un chantier de construction a débuté entre les étangs de Sperone et Piantarella. Une aberration pour l’association U Levante qui pointe un espace remarquable inconstructible. Pour la municipalité, pas d’illégalité.

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En février 2020, stupéfaction pour les membres de l’association de défense de l’environnement U Levante. A Bonifacio, entre les étangs de Sperone et Piantarella, au-dessus du site romain de Pallà, dans un espace remarquable inconstructible, un chantier a commencé.

Dans quelques mois, la zone, à la fois protégée par la Padduc (plan d'aménagement et de développement durable de la corse) et la loi littoral, accueillera une « énorme villa », dénonce l’association de défense de l’environnement U Levante sur son site internet

 



Selon la municipalité, rien d’illégal. Le permis de construire a été délivré en 2013, date à laquelle le Padduc n’existait pas encore. Le document a été voté en 2015 et est applicable depuis novembre 2018. Pour se faire, toute commune doit notamment se doter d’un PLU, plan local d’urbanisme, compatible avec les règles établies par le Padduc. « On ne peut pas nous attaquer sur des décisions qui ont été prises avant la mise en place d’une loi. C’est comme si on me reprochait des excès de vitesse sur des nationales avant la limitation à 80 km/h », soutient Patrick Tafani, deuxième adjoint à la mairie de Bonifacio, délégué à l’urbanisme.
 

« On ne peut plus rien faire »

Il précise que ce permis de construire n’a, à l’époque, été attaqué ni par l’Etat ni par U Levante, car selon lui, il était conforme au Plan local d’urbanisme (PLU) de 2006. « U Levante a toute légitimité pour dénoncer, mais agiter ce genre d’article pour un public peu au fait des lois, si complexes, me laisse perplexe et sur le fond, et sur la forme, et sur le timing », complète Patrick Tafani.

 

Faux rétorque U Levante qui affirme qu’en 2006, le document défendu par la municipalité était déjà illégal, la zone étant inconstructible de par la loi littoral. « Actuellement, il nous est impossible d’attaquer car le permis de construire est trop ancien, nous n’avons que deux mois pour le faire. Ils sont parvenus à reconduire cet ancien permis en faisant quelques travaux ici et là. On perd un nouvel espace remarquable, on ne peut plus rien faire », regrette Michèle Salotti, membre de la direction collégiale d’U Levante.
 

« L’Etat est également fautif »

Pour l’association, cette construction est d’autant plus incompréhensible que l’Etat a attaqué un permis de construire, en 2018, pour une villa de près de 330 mètres carrés avec piscine sur un terrain mitoyen. « L’Etat n’a pas attaqué en 2013, il attaque en 2018 pour une parcelle située juste à côté … il n’est pas toujours cohérent, et il est aussi fautif », déplore Michèle Salotti.

Un an plus tard, le permis de construire est annulé par le tribunal administratif de Bastia. Dans sa décision, il stipule notamment : « Il ressort des pièces du dossier que le terrain […] se trouve dans un espace proche du rivage dès lors qu’il est situé à un peu plus d’une centaine de mètres de la côte, en surplomb de la mer dont il n’est séparé par aucun obstacle. D’une part, les travaux projetés […] ne sont justifiés ni par la configuration des lieux ni par l’exercice d’activités économiques exigeant la proximité immédiate de l’eau. D’autre part, ces travaux, compte tenu du caractère pavillonnaire et étalé des constructions situées au nord de la parcelle, ne sauraient être regardés comme constitutifs d’une extension limitée l’urbanisation. »

 


C’est sur ce dernier point que la municipalité se base actuellement pour justifier la construction de cette autre maison. « Nous pouvons délivrer des permis lorsqu’une zone est urbanisée. Et le PLU considère la zone de Sperone comme une zone urbanisée », indique l’adjoint délégué à l’urbanisme de Bonifacio.
 

Un PLU conforme dans les six mois ?

Actuellement le PLU de Bonifacio n’est pas en conformité avec le Padduc. Mais Patrick Tafani l’affirme : le projet d’aménagement et de développement durable (PADD) de la municipalité, clé de voûte du PLU, « sera rendu public dans une semaine et sera envoyé aux publics associés et aux associations. »

L’adjoint à l’urbanisme assure dans le même temps que le PLU de Bonifacio sera prêt avant l’automne et « suivra les lois ». De son côté, l’association U Levante indique avoir envoyé une lettre au maire, le 6 avril dernier, demandant le retrait du document actuel en illégalité, selon elle, avec la loi littoral et le Padduc. La structure est actuellement en attente d’une réponse. L’agenda annoncé par Patrick Tafani la laisse sceptique.

 
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