On l'appelle l'île aux milliardaires. Pour les nationalistes, Cavallo incarne une forme de privatisation de l'espace publique. Un terrain de plus de 3 hectares est à la vente sur l'île. La Collectivité de Corse veut l'acquérir pour des raisons symboliques et politiques.
En 2010, Gilles Simeoni débarque sur l’île de Cavallo en tant que leader nationaliste. Symboliquement, il recouvre d’une bandera un panneau de propriété privée, interdisant l’accès à l’île.
Le but était alors de porter un message contre la spéculation foncière.
Droit de préemption
Huit ans plus tard, dans un courrier en date du 13 août, le président du Conseil exécutif s'adresse à la Société civile immobilière qui détient la ferme. Celle-ci vend à une société dénommée PAFF 3,3 hectares pour deux millions d'euros. La Collectivité de corse veut exercer son droit de préemption du fait du caractère exceptionnel du site : elle peut en effet se porter acquéreur avec une priorité sur les autres acheteurs. Ni le conservatoire du littoral ni la commune de Bonifacio n'ont souhaité s'opposer à la vente pour acquérir le bien.« La ville ne l’a pas fait parce qu’elle estime qu’aujourd’hui il y a d’autres priorités sur la commune de Bonifacio que de dépenser deux millions d’euros pour l’achat d’un restaurant sur l’île de Cavallo, déclare Jean-Charles Orsucci, maire de Bonifacio. Elle ne l’a pas fait aussi parce que nous échangeons régulièrement avec le conservatoire du littoral et il ne paraît pas opportun aujourd’hui de préempter sur l’île de Cavallo. Cet espace qui certes est remarquable mais ne revêt pas un caractère particulier ».
Deux millions d'euros
La SCI PAFF est détenue pour moitié par Anthony Perrino, un promoteur immobilier ajaccien déjà propriétaire à Cavallo, également actionnaire du journal Corse Matin et membre du consortium possédant la Corsica linea. La SCI PAFF compte aussi d'autres actionnaires basés à Dubaï.Mercredi, une rencontre est prévue avec Gilles Simeoni. Le courrier de l'exécutif mentionne des bergeries en ruine reprenant les termes de la DIA, la déclaration d'intention d'aliéner qui est un acte juridique par lequel le propriétaire notifie au bénéficiaire du droit de préemption son intention de vendre.
Or un restaurant est bâti sur la propriété, comme l'indique la page Facebook de l'établissement. Cette erreur administrative pourrait être un argument utilisé par la SCI PAFF pour s'opposer à la préemption.