À Rennes, le projet d'implanter un immeuble sur un square, dans le quartier populaire de Villejean, suscite la colère des habitants. Revue à la baisse, l'emprise immobilière est néanmoins jugée nécessaire par la métropole, rappelant que 26 000 personnes attendent un logement social sur son territoire.
Un vaste carré de pelouse planté d'arbres, ourlé de trois immeubles se succédant sur ses côtés : le square en question porte bien son nom de forme géométrique ("square" signifiant "carré" en anglais). Sa verdure offre une perspective bucolique aux bâtiments de quatre ou cinq étages qui l'entourent. Samedi 30 novembre, des habitants sont descendus chanter leur attachement au Square Yves Le Moine, lors d'une manifestation festive.
"Nous voulons garder les espaces verts, nous voulons voir le ciel, entendre les oiseaux, c'est un bénéfice pour notre santé, y compris notre santé mentale", souligne Adrienne Charliot, habitante d'un des immeubles autour.
"Préserver la mixité sociale"
Isabelle Fraygefond, qui réside également près du square, suggère de chercher d'autres endroits pour construire des logements : "on est déjà un quartier très populaire, très modeste. Pour préserver la mixité sociale, la mairie devrait construire ces logements ailleurs", suggère la quinquagénaire. De fait, Villejean-Beauregard est l'un des quartiers les plus peuplés de Rennes, 23 000 habitants recensés par l'Insee en 2020. Avec 34% des logements sociaux, le quartier concentre moins les logements HLM que le Blosne (53%) ou Maurepas (46%), mais bien davantage que d'autres quartiers : 6% de HLM dans le quartier Thabor-Saint-Helier, et 10 % dans le centre-ville de Rennes (et 23% en moyenne dans la ville de Rennes en 2021), selon les statistiques de l'agence d'urbanisme de Rennes.
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Projet revu à la baisse
La parcelle d'espace vert, située entre le Centre hospitalier universitaire Ponchaillou et l'entrée de l'Université Rennes 2, doit accueillir un nouvel immeuble de 30 logements. Le projet initial prévoyait plutôt trois bâtiments nouveaux, de deux à quatre étages. Mais le constructeur de logements HLM a revu sa copie : désormais, seul un nouveau bâtiment est envisagé, le long de l'ilot central, et un bâtiment existant serait surélevé d'un étage, la stratégie de la surélévation d'immeuble étant mise en avant par la Métropole rennaise.
Pour Antoine Rousseau, directeur du bailleur social Archipel Habitat, "cette surélévation ne donne pas le même sentiment de densification, puisqu'on ne vient pas ajouter au sol", en dehors du bâtiment supplémentaire qui est envisagé.
À Quimper, du collectif, mais sur des zones de végétation
Ailleurs, à Quimper, des projets immobiliers sortent de terre, affichant, eux aussi, la volonté de "densifier" l'habitat. 34 logements sociaux sont construits par Finistère Habitat, le long de la "vieille route de Rosporden", à la sortie de la ville, tandis qu'un programme privé de 29 logements en petit collectif s'implante à flanc de vallon, grignotant la parcelle de végétation qui préexistait dans cette périphérie de la cité finistérienne.
(Avec Marie Lebrun)