Valérie Hayer, tête de liste du parti Renaissance, est en déplacement en Corse, ce vendredi 10 mai, dans le cadre de la campagne pour les élections européennes. En marge de cette visite, la candidate de la majorité présidentielle a accordé un entretien à France 3 Corse Via Stella.
Delphine Leoni : À un mois du scrutin, la liste du Rassemblement national menée par Jordan Bardella est créditée de 32% environ d'intentions de vote dans les sondages. La vôtre, celle du parti de la majorité présidentielle, seulement 16%. Cela témoigne-t-il d'une lassitude des Français à l'égard de la Macronie ?
Valérie Hayer : Je ne me résous pas à avoir un Rassemblement national si haut dans les sondages. Je parcours l'ensemble du territoire dans le cadre de ces élections européennes et notamment la Corse. Je suis très heureuse d'être ici pour parler aux Français de ce qu'on a fait au Parlement européen pendant 5 ans, et aussi, puisque vous parlez du Rassemblement national, pour parler du bilan de ce parti. Et je suis venue dire aux Corses que l'Europe a besoin de la Corse et aussi, évidemment, que la Corse a besoin de l'Europe.
Mais le RN n'est pas forcément le seul indicateur de cette lassitude. La liste PS, menée par Raphaël Glucksmann, vous talonne dans les sondages, avec 13% des intentions de vote. Est-ce aussi le signe d'un retour à gauche d'une partie de l'électorat social-démocrate, un temps séduit par Emmanuel Macron mais qui a été déçu par les coups de barre à droite du gouvernement ?
Je suis là pour faire campagne sur le terrain, et dire aux Français et aux Corses ce qu'on a fait pendant ce mandat. Nous avons mis en place un plan de relance dont de nombreux Corses ont bénéficié pour ne pas mettre la clé sous la porte à cause de la crise sanitaire : les entreprises, les commerçants, les cordonniers, les coiffeurs... Je suis venue dire aux Corses que l’Europe est là à leurs côtés.
Le plan de relance aussi, ce sont des équipements qui ont été achetés pour l'hôpital de Bastia. C'est la préservation de la clémentine de Corse avec l'IGP. C'est un engagement très fort de la majorité présidentielle. Nous avons l'Europe au cœur et ce que je perçois sur le terrain, c'est un besoin d'Europe de la part des Français, qui est très perceptible.
Malgré les mesures que vous évoquez, on sent que les Français et les Corses ont du mal à se mobiliser pour cette élection. Ils expriment souvent une critique, d'ailleurs : l'Europe imposerait des normes, des règles à l'ensemble d'un territoire sans prendre en compte les spécificités locales.
C'est ce que je suis venue dire aux Corses : mobilisez-vous pour ces élections européennes. J'ai la chance d'avoir à mes côtés Jean-Charles Orsucci, le maire de Bonifacio, soutien historique de la majorité présidentielle qui est sur ma liste et qui, je l'espère, sera élu.
Jean-Charles Orsucci est en 22ème position, il faudrait que vous fassiez à peu près 20% des voix.
Effectivement. Mobilisez-vous pour permettre à Jean-Charles Orsucci d'être élu et d'être votre voix au Parlement européen. L'Europe est là en accompagnement du développement du territoire. Ce que je porte dans cette élection, c'est véritablement une adaptation aux spécificités de l'ensemble des territoires et particulièrement à celles de l’île. Je sais qu'il y a des sujets, notamment sur la question de la préservation du service public sur le transport maritime et sur l'aérien, qui sont essentiels. Je porterai, avec Jean-Charles Orsucci, la préservation de cette spécificité et sa prise en compte à Bruxelles.
Le Rassemblement national s'est opposé fermement à une évolution du statut de l'île.
Valérie Hayer, tête de liste Renaissance
Justement, la question des délégations de service public dans les transports, en lien avec l'Europe, est très complexe. L'Europe apparaît comme un frein à la mise en place des politiques au niveau local.
D'où l’importance d’avoir une voix qui porte et qui est forte au Parlement européen. Ce sera la voix de Jean-Charles Orsucci ; elle sera extrêmement importante. La philosophie qui est la nôtre, c'est l'adaptation. On fait des règles à l'échelle européenne, elles doivent pouvoir s'adapter et prendre en compte les spécificités de certains territoires. C'est le cas avec l'île montagne.
Un processus d'évolution institutionnelle de la Corse est en cours. C'est une évolution logique pour vous dans le contexte européen, les îles européennes disposant toutes d'une large autonomie ?
C'est une évolution logique et je salue l'engagement de la majorité présidentielle et du président de la République pour ouvrir le débat sur l'évolution du statut de l’île vers l'autonomie. Je me réjouis des discussions qui ont eu lieu. Le processus de Beauvau avance bien et je voudrais dire également que je suis la seule tête de liste à promouvoir et soutenir le processus de Beauvau. Et Jean-Charles Orsucci, depuis le début, est un fervent défenseur de ce processus.
D'autres candidats le soutiennent aussi, même si, dans la nuance, certains sont pour une adaptation des lois et pas un pouvoir normatif.
Le Rassemblement national s'est opposé fermement à une évolution du statut de l'île. Le candidat de la droite s'y est aussi opposé. Donc je le dis, dans ces élections européennes aussi, on a un certain nombre de convergences avec des acteurs locaux, et évidemment l'évolution du statut de l'île est importante politiquement.
Retrouvez le reportage de Jean-Philippe Mattei et Stéphane Lapera sur le déplacement de Valérie Hayer en Corse :