Les élections législatives se tiendront les 12 et 19 juin prochains. Valérie Bozzi, maire de Grosseto-Prugna et présidente de la communauté de communes de la Pieve d'Ornano et du Taravo se présente dans la 2e circonscription de Corse-du-Sud, soutenue par le parti Horizons. Elle répond à 5 questions de la rédaction de France 3 Corse ViaStella.
En 2017, lors des dernières élections législatives, Valérie Bozzi était la suppléante du candidat Les Républicains, Camille de Rocca Serra, dans la 2e circonscription de Corse-du-Sud. Une candidature arrivée au second tour, mais perdante face au nationaliste, PNC, Paul-André Colombani (55.22%).
Cinq ans plus tard, la maire de Grosseto-Prugna, présidente de la communauté de communes de la Pieve d'Ornano et du Taravo, se présente en son nom propre, dans la même circonscription, et est soutenue par Horizons, parti créé par l'ancien Premier ministre Edouard Philippe.
Valérie Bozzi répond aux cinq questions de France 3 Corse ViaStella
Qu'est-ce qui a motivé votre candidature ?
C'est le contexte tant national, mondial que local, très troublé. On sort d'une crise sanitaire, il y a la guerre au bord de l'Europe, et il y a aussi eu les derniers événements, en Corse, en mars dernier. Tout ceci fait que je souhaite m'engager d'avantage dans cette élection législative.
Mon ancrage dans cette 2e circonscription de Corse-du-Sud est professionnel, politique et familial. Donc naturellement, j'avais envie de mettre mon expérience de maire, de présidente de communauté de communes et d'avocate au service de ce nouveau mandat et des intérêts de la Corse.
Je crois qu'il faut retrouver une voie de l'apaisement avec l'État. Cela passe par un nouveau dialogue et c'est ce qui me pousse fortement à aller sur cette élection.
Si vous êtes élue, quelles seront vos principales actions en faveur de votre circonscription en tant que députée ?
Je souhaiterais que l'on parle davantage de la santé en Corse. Il faut que tous les Corses puissent être soignés convenablement, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. Il y a des territoires reculés qui n'ont pas accès aux soins assez facilement.
C'est une source d'angoisse pour les personnes qui vivent éloignées d'un hôpital ou des premiers soins. Ce sera une de mes priorités : négocier avec les services de l'État et l'État de nouveaux moyens pour la santé. On l'a vu durant la crise sanitaire, on aurait pu en profiter d'ailleurs, puisqu'on a été une des régions les plus touchées de France, mais malheureusement on n'a pas eu d'infrastructures qui en ont découlé. C'est dommage.
La précarité, bien sûr, on est la région de France la plus précaire avec un PIB le plus faible. Donc je crois qu'il faudra proposer un plan de lutte contre la précarité pour notre région. Là aussi, on va sortir de cette crise sanitaire, il faudra des mesures fortes pour aider les petites et moyennes entreprises qui, notamment, ont été beaucoup soutenues grâce au PGE [prêt garanti par l'État ndlr.]. Mais lorsqu'il faudra rembourser ce PGE, ça risque de mettre en difficulté notre économie. Je voudrais proposer que ce PGE soit transformé en fonds propre. Le président avait ouvert une petite fenêtre lors du débat avec Marine Le Pen, donc je crois que ce serait important de lui rappeler.
Ce sont deux points importants pour moi. Il y a aussi l'emploi, l'accès au logement, la formation. Cette dernière sera aussi essentielle pour notre jeunesse qui aujourd'hui ne trouve pas de débouchés. On a des jeunes qui ne sont plus formés ou qui ne trouvent pas à se former dans l'île. Ces axes seront aussi majeurs et qu'il faudra porter, je pense, à l'Assemblée nationale.
Un second candidat de droite se présente dans la 2e circonscription de Corse-du-Sud, Camille de Rocca Serra, est-ce que vous pensez que sa candidature est légitime au regard des résultats de 2017 ? Et n'est-ce pas dangereux pour la droite d'avoir deux candidats de la même famille dans la circonscription ?
Je regrette évidemment que nous soyons séparés dans cette élection. J'ai été sa suppléante en 2017. Je regrette que nous partions divisés aujourd'hui. J'espère malgré tout que nous nous retrouverons au second tour.
Pour moi, chacun est légitime à porter sa voix. Camille de Rocca Serra apportera ce qu'il a à apporter dans ce débat démocratique, son expérience bien sûr, et j'apporterai ma volonté de reconstruire et d'apporter une nouvelle voix et un nouveau dialogue. Les électeurs se définiront avec nos discours.
Au second tour, si je suis devant lui, j'espère qu'il me soutiendra et s'il est devant moi il aura mon soutien évidemment pour le second tour. Mais effectivement, j'aurais aimé que l'on puisse trouver une alternative avant de partir divisés. C'est ce que j'avais fait en 2017 en partant à ses côtés.
Un cycle de discussions devrait s'amorcer entre le futur gouvernement et les élus de la Corse autour de la possibilité d'évoluer vers un statut d'autonomie. Quelle sera votre position sur cette question?
C'est un des enjeux de cette mandature. Monsieur Darmanin a évoqué la possibilité d'aller jusqu'à l'autonomie. Je pense qu'il faut entrer en négociations et en discussions pour aller vers une certaine autonomie, mais laquelle ?
Moi je serais favorable à discuter sur une autonomie dans certains domaines comme l'urbanisme, le logement, l'économie. Ce qu'il faut c'est que l'autonomie permette d'améliorer la situation en Corse. Je serais là pour discuter avec eux de cette autonomie, mais pas une autonomie antichambre de l'indépendance. Ce sera le discours que je tiendrais et les discussions que je souhaiterais mener si je suis élue pour avancer cette autonomie.
Je pense que cela peut être un bien, mais il faut mener la discussion avec des cadres et puis surtout, il faut pouvoir après obtenir une majorité. Parce que si on veut la faire passer, il faut les 3/5 et là aussi, je pense qu'en siégeant dans le groupe Horizons, j'aurai davantage la possibilité de faire avancer cette réforme là que le candidat PNC sortant qui n'a pas pu négocier avec l'ancienne mandature.
Si vous êtes élue, quel groupe souhaiteriez-vous intégrer ? Quelle sera votre stratégie ?
Je suis candidate divers droite et, si je suis élue, je siégerais dans un groupe de droite, droite gaulliste. Le groupe Horizons qui m'apporte son soutien dans cette élection me semble le mieux désigné dans cette configuration.
Tout dépendra de la configuration nationale, mais je suis soutenue par Horizons et par Laurent Marcangeli au niveau local et ça me parait normal dans le cadre de cette recomposition, initiée au niveau local et national avec Edouard Philippe, j'intègre ce groupe au sein de l'Assemblée nationale.