La filière liège se structure en Corse : un syndicat a été créé hier, mardi 7 novembre, à Porto-Vecchio. Avec un objectif : valoriser les professionnels insulaires pour mieux lutter contre la concurrence étrangère.
L'exploitation du liège est une pratique ancestrale. En Corse, elle remonte à l'Antiquité. Une filière aujourd'hui menacée par de grands groupes industriels italiens ou espagnols. Une concurrence étrangère face à laquelle la vingtaine de liégeurs corses ne pèse pas lourd.
"Ils ne font rien de plus que nous. Ce qu'ils font, on est bons à le faire, estime Jean-André Arii, liégeur. Ce qu'ils ont de plus, c'est la main d'œuvre, parce que cette main d'œuvre qualifiée est dure à trouver. Eux, ils commencent à démascler [une opération qui consiste à enlever le liège mâle, ndlr] plus tôt dans la saison, vers le mois de mai, quand chez nous le liège ne vient pas encore, et que nous ne commençons que mi-juin, fin-juin. C'est pour cela qu'ils peuvent se permettre de venir chez nous. Parce qu'ils ont déjà fait le travail chez eux."
Retrouvez le reportage de Frédéric Danesi, Guillaume Leonetti, et Stephan Regoli :
Une large part de la production nationale de liège
Pour défendre leurs intérêts, les exploitants corses se sont regroupés en créant le premier syndicat de la profession, u Sindicatu di i suvaraghji di Corsica, présidé par André Serra. "Il faut bien savoir qu'il y a 4000 tonnes de liège récolté au plan national, rappelle-t-il. Et les liégeurs corses, même si on les a oubliés, en produisent plus de la moitié. Il y a donc un enjeu stratégique important."
Dans leur démarche unitaire, les exploitants ont reçu le soutien de l'Odarc. L'office du développement agricole se dit prêt à défendre ce savoir-faire confronté à de nouveaux enjeux. "Ça nous intéresse à double titre. Ce sera un interlocuteur représentant de la filière avec lequel on pourra discuter de l'avenir de cette même dernière, analyse Sylvestre Sisco, responsable développement forestier à l'Odarc, et on pourra aussi les aider dans le développement, auprès des propriétaires forestiers, et auprès des entreprises qui souhaitent se développer pour trouver de nouveau débouchés, de nouvelles valeurs ajoutées à la transformation du liège en Corse."
Et les débouchés sont nombreux. Si le liège est très largement utilisé pour la confection de bouchons, il est aussi un matériel léger et résistant qui se révèle un excellent isolant thermique et phonique.