Depuis le caillassage vendredi du bus de l'équipe du Havre et des incidents le dimanche soir dans le stade d'Ajaccio, la polémique n'a cessé d'enfler et les politiques fustigent un climat "anti-corse". Un collectif d'avocats s'est constitué pour faire reconnaître un "racisme anti-corse".
Le match de barrage entre l'ACA et Le Havre, reporté de vendredi à dimanche après le caillassage du bus des Havrais, a été marqué par des échauffourées entre joueurs et un envahissement du terrain en fin de partie.
En Corse, la polémique s'est étendue du monde sportif à la vie politique de l'île, suscitant une multiplication de réactions dénonçant du "racisme anti-corse".
Des insultes "anti-corses" ont été proférées par centaines sur les réseaux sociaux. Un comportement que la classe politique insulaire dénonce comme du racisme.
Faire reconnaître le "racisme anti-corse"
Le président de l'Assemblée de Corse a annoncé la création d'un collectif d'avocats pour évoquer des voies de recours.Parmi les solutions évoquées, il prévoit d'engager "les procédures qui peuvent être faites (...) et les porter à leur terme c'est-à-dire devant la cour de Cassation", ou encore de demander aux parlementaires corses "d'envisager une proposition de loi pour préciser" qu'en matière de diffamation, "l'origine peut être une origine territoriale".
Dénonçant les "appels au meurtre contre des Corses" et l'existence d'un "hashtag +mort aux Corses+" sur les réseaux sociaux, Jean-Guy Talamoni a assuré que la démarche n'était "pas du tout agressive ou vindicative" mais visait "à substituer aux tensions et aux agressions actuelles la régulation par le droit".
Le problème est toutefois de faire reconnaître les insultes proférées comme du racisme. Selon une jurisprudence de la cour de Cassation de 2002, "les Corses ne font pas partie des catégories protégées", comme l'explique Jean-Guy Talamoni.
"Selon la Cour de cassation, les Corses ne font pas partie des catégories de citoyens protégés par (...) la loi sur la presse de 1881", qui prévoit le délit de diffamation, a-t-il détaillé.
Reste que les messages publics de haine, d'appel au meurtre ou de discrimination sont interdits et punis par la loi. Et là encore, le seul hastag #corse permet de mesurer l'étendue de l'hystérie collective qui déferle sur les réseaux sociaux.
Interpellée sur ces faits, la préfète de Corse fraîchement arrivée dans l'île, Josiane Chevalier a déclaré ne pas comprendre cette situation. "Il y a une procédure judiciaire, je laisse la justice apprécier. Pour moi, la Corse est dans la République, je ne comprends pas qu'il puisse y avoir ce type de racisme. La Corse est dans la France".