Accident de canyoning en Corse : "On a entendu un bruit sourd mais c'était trop tard"

L'enquête pour homicide involontaire ouverte après la mort de cinq personnes emportées par une crue soudaine dans un canyon en Corse s'orientait jeudi vers une éventuelle imprudence du guide, lui aussi mort dans l'accident. Un agent du Parc naturel régional de Corse témoigne. 

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Deux jours avant le drame, lundi, des gendarmes avaient justement contrôlé ce guide d'Alticanyon, prénommé Pierre, a précisé le procureur de la République d'Ajaccio, Eric Bouillard.

Selon le magistrat, malgré un problème de matériel le guide "était en règle" et l'accident de mercredi n'était a priori pas lié à un problème d'équipement.

L'enquête porte plutôt sur les raisons qui ont poussé le groupe de 7 personnes dont faisaient partie les victimes à poursuivre leur descente dans le canyon alors que d'autres groupes avaient déjà renoncé en raison des conditions météorologiques.

La Corse est placée en vigilance jaune orage depuis le début de la semaine et un orage localisé a fait gonfler subitement le Zoicu, le ruisseau qui donne son nom au canyon.
 

"On a entendu un bruit sourd mais c'était trop tard"

"On a entendu un bruit sourd, on a d'abord pensé à un hélicoptère mais d'un coup on a vu une vague d'eau passer par-dessus le barrage", témoigne Olivier Bonifaci, agent du Parc naturel de régional de Corse.

"On a compris de suite. On a pris la voiture, on est descendu par un petit chemin pour essayer de rentrer dans le canyon. On a réussi à traverser avant que la vague arrive. Là on est tombé sur un premier groupe qui était en sécurité et un second qui était en train de remonter."

Le troisième groupe était 150 m plus bas. On a essayé de crier, de faire des signes. La fin du groupe nous a entendu, mais c'était trop tard", a-t-il ajouté. 
 
Avec cinq morts, cet accident de canyoning est l'un des plus meurtriers en France de ces dernières décennies, selon un bilan de l'AFP.
 


"Avec le recul, je me dis que j'ai eu de la chance"

Deux jours avant l'accident, Stéphanie et sa fille de 16 ans avaient rendez-vous avec la société Alticanyon organisatrice de la sortie mortelle et son guide Pierre disparu dans l'accident pour effectuer le parcours "sportif", a de son côté témoigné la vacancière. 
 
La sortie avait été finalement annulée au dernier moment en raison du contrôle de la gendarmerie qui, selon elle, a relevé de "nombreux" dysfonctionnements et fait "plusieurs reproches au guide" concernant son matériel et l'absence de cahier d'entretien. 

"Avec le recul, je me dis que j'ai eu de la chance et que j'ai pris la bonne décision en faisant cette sortie plus tard avec une autre société plus professionnelle", a expliqué la quadragénaire qui évoque un guide "désorganisé".

Confiée à la gendarmerie, l'enquête cherche également à établir si la seconde partie du canyon, plus technique, comportait une interdiction pour les enfants
de moins de 13 ans.

"Concernant l'activité de canyoning en Corse, elle est interdite aux enfants de moins de sept ans par un arrêté préfectoral", a précisé M. Bouillard.


 
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