A l'aide de photos ou de lettres, des descendants de poilus tombés au champ d'honneur tentent de retracer l'histoire de leur aïeul. Un travail de mémoire, comme celui de Jacques Santoni autour de son arrière-grand-oncle, le maréchal des logis Bonelli, originaire du hameau de Piscia Rossa.
Le 20 décembre 1915.
Il y a plus d'un siècle, cette lettre annonçait la mort d'un jeune soldat corse, le maréchal des logis Bonelli originaire de Piscia Rossa. Dans ce hameau de la commune d'Afa, en Corse du Sud, une quinzaine d'hommes avait été mobilisée.Monsieur Bonelli, j'ai reçu votre lettre il y a déjà quelques jours me demandant des nouvelles de votre frère. Aussi je ne puis vous laisser plus longtemps dans l'attente. Votre frère était un excellent gradé et estimé de tous à la batterie. Il a trouvé la mort dans l'accomplissement de son devoir. Soyez fier de lui. Il est digne du nom de français.
"Il y a eu un mort pratiquement par maison", raconte Jacques Santoni. Pour que la mémoire ne s'éteigne pas, Jacques Santoni, originaire de la région et arrière-petit neveu du poilu Bonelli, a réalisé un travail de recherche historique.
En 2014, il sort un livre présentant le parcours de 14 jeunes hommes mobilisés au hameau de Piscia Rossa. Six d'entre eux tomberont au front.
"J'avais déjà des documents, des photos d'un arrière-grand-oncle qui avait été tué à la guerre de 14, j'avais une lettre qui expliquait par un officier de son régiment comment il avait été tué, qui avait été écrite à mon arrière-grand-père. A partir de là, j'ai voulu retracer son parcours et puis ensuite j'ai eu l'idée de le faire pour l'ensemble des soldats du hameau qui avait participé à la guerre de 14", explique Jacques Santoni.
Grace à ce genre de recherches, les chiffres relatifs à la Corse pendant la première guerre mondiale semblent se préciser depuis quelques années : 50.000 hommes mobilisés dans l'île, auxquels il faut ajouter 10.000 hommes déjà lancés dans des carrières militaires sur le continent.
Au moment de la démobilisation, le bilan est d'environ 12.000 hommes tués pour presque autant de blessés.