La chambre régionale des comptes s'est penchée sur la gouvernance du Centre intercommunal d'actions sociales du pays ajaccien, depuis sa création en 2018 jusqu'en 2023. La juridiction note des points positifs, mais également une absence de stratégie à moyen terme, dans un territoire en profond changement.
D'un bout à l'autre du pays ajaccien, porter des repas aux personnes isolées, donner une aide financière aux plus pauvres, proposer des hébergements d’urgence... Voilà quelques-unes des mesures du Centre intercommunal d’action social du pays ajaccien. Un établissement public de la CAPA dédié au social.
Dans ce territoire, tous les indicateurs sociaux sont inférieurs à la moyenne régionale. Le taux de chômage plafonne à 5,3%, contre 6,1% pour la Corse et 7,3% à échelle nationale, le taux de pauvreté est de 14,3%, soit 4 points de moins que l'ensemble de la Corse (18,3%).
Mais les fragilités n'en restent pas moins nombreuses. Le vieillissement s’accélère, le taux de familles monoparentales est au maximum régional : 31%. Enfin, 13.000 personnes sont pauvres, un nombre en inquiétante progression de 41% depuis 2019. Les jeunes et les séniors figurent parmi les plus concernés.
Gestion de budget améliorée et problèmes de gouvernance
Dans son rapport, la chambre régionale des comptes fait état d'une gestion améliorée d'un budget contraint de 3,4 millions d'euros entre 2018 et 2023. Mais également de ressources humaines renforcées, et une maîtrise des charges générales. Des points positifs rarement trouvés dans ce type de bilans... Mais, et cela devient une rengaine dans les rapports insulaires, la CRC, pointe les problèmes de gouvernance.
Pas de statuts - pourtant obligatoires -, absentéisme anormal dans les organes décisionnels. Conséquence : débats et décisions se font par un nombre très limité de personnes. La dernière feuille de route du CIAS remonte à sa création, en 2018, et, insiste la chambre, sur des données statistiques datant de 2016.
Il y a urgence : pour ses actions d'accompagnement des personnes en difficulté, 900 familles sont aidées, soit 2.000 personnes. Bien loin des 13.000 du périmètre des besoins identifiés. Sur le terrain, trois des partenaires du CIAS, associations caritatives ou d'animation socioculturelle nous ont vanté ses mérites.
Le reportage de Florence Antomarchi, Julian Bonnington et Frédéric Guichard :
Sollicités, la Capa, principal financeur, et le CIAS n'ont pas souhaité nous répondre. Pas avant que le rapport de la CRC soit discuté en conseil communautaire du 15 janvier. Sera présentée, le même jour, la future stratégie d'action sociale, enfin rénovée.