Depuis quatre jours, l'île est traversée par un nuage de poussières venant du Sahara. Des concentrations élevées de particules fines sont relevées sur l'ensemble du territoire insulaire. L'épisode devrait se prolonger au moins jusqu'à vendredi.
L'épisode de pollution aux particules fines continue ce mercredi.
Depuis samedi 22 octobre, les stations de mesure de Qualitair Corse enregistrent des concentrations élevées de particules fines dans l'air sur l'ensemble de l'île. L'indice de mesure est ainsi classifié comme étant "mauvais" sur une majeure partie de la région. Ce qui devrait être le cas jusqu'à ce vendredi minimum, tant que le flux d'air chaud venu du Sud-Ouest perdure.
Les modèles de prévision montrent que le flux de Sud-Ouest est toujours présent et que d’autres poussières d’origine désertique vont impacter la Corse sur les prochains jours." indique l'organisme chargé d'évaluer la qualité de l'air dans l'île.
Cet épisode, qui devrait se prolonger jusqu'en fin de semaine, est directement lié au nuage de poussières venant du Sahara qui traverse actuellement la Corse.
"Localement, la stabilité météorologique est défavorable à la dispersion de la pollution et notamment celle due au brûlage de déchets verts, précise l'organisme basé à Corte. Il est recommandé aux personnes les plus sensibles d’éviter des efforts intenses tant que les niveaux ne seront pas revenus à la normale."
"Des seuils assez élevés"
Ces particules sont tout "particulièrement présentes en altitude, et il est donc conseillé d'éviter des efforts intenses en montagne, précise Qualitair Corse, qui ajoute : l'activité humaine contribue également aux fortes concentrations et tout particulièrement les écobuages sur la région bastiaise et ajaccienne."
"On se retrouve avec des seuils qui sont assez élevés mais pas très forts pour l'instant, analysait ce lundi Jean-Luc Savelli, directeur de Qualitair Corse. Par contre, dans les jours à venir, cela va augmenter. Il faut donc essayer de limiter l'impact humain sur les zones habitées. Les risques sont assez classiques, notamment pour les personnes sensibles. Cela peut aller des picotements à d'autres problématiques beaucoup plus graves, notamment pour des personnes qui peuvent avoir des problèmes d'asthme ou respiratoires."
Un propos confirmé ce mercredi. En effet, le seuil de 80µg/m3 devrait être dépassé en Haute-Corse avec des concentrations plus importantes sur Bastia et le Cap Corse. Dans la région ajaccienne, la tendance est inverse. Une moyenne à 104,1 µg/m3 a été mesurée à Ajaccio dépassant ainsi me seuil d'alerte fixé à 80µg/m3 de polluants en moyenne journalière pour les PM10.
Ce jeudi 27 octobre, la situation devrait être identique à celle de ce jour. Après-demain, un nouvel apport de particules désertiques pourrait concerner la Corse-du-Sud.
Les PM10 : des particules fines de moins de 10 µm soit moins de 0,01 mm
Cette pollution atmosphérique est due à la concentration de PM10 ces particules en suspension dans l'air. Ce qui signifie que ce sont des particules de moins de 10 µm (micromètres), soit moins de 0,01 mm. Elles sont bien souvent le résultat des combustions incomplètes d'origine anthropique, comme l'échappement de moteurs thermiques. Cependant, ici, elles proviennent du Sahara.
Du côté sanitaire, plus le diamètre des particules est faible, plus elles sont dangereuses pour la santé. En effet, leur très petite taille favorise leur pénétration dans les bronches. Chez un adulte en bonne santé, une exposition à court terme n'entraîne qu'une gêne passagère. Une exposition longue d'un enfant, peut en revanche causer des retards de croissance ou des anomalies du développement intellectuel.
Quand elles entrent dans le système respiratoire d'un être vivant, ces PM10 stagnent dans les poumons et créent une inflammation, débouchant sur une mauvaise circulation de l'air. Ces particules sont par ailleurs classées dans la catégorie des cancérogènes probables et sont reconnues comme responsables de certains types de cancer du poumon, le facteur X étant conditionné au temps d'exposition et aux taux de concentration.
Une hausse de 75% du carbone suie mesuré dans l'air en région ajaccienne
La semaine dernière, l'organisme alertait ainsi sur plus de 75% d'augmentation du carbone suie mesuré dans l'air de la région ajaccienne au cours des derniers jours, coïncidant avec la levée de l'interdiction du brûlage à l'air libre.
Particules issues de la combustion incomplètes d'énergie fossile et de biomasse, le carbone suie, ou Black carbon, est un polluant répertorié parmi les particules fines, elles mêmes classées depuis 2013 par le centre international de recherche sur le cancer comme des cancérigènes pour l'Homme.
"L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et de nombreuses études scientifiques atteste également l’impact de ce polluant sur la santé", conclut Qualitair Corse.
Recommandations sanitaires
Dans ce contexte, l'organisme recommande ainsi d'adopter plusieurs bons comportements :
De manière générale :
- limiter l’usage des véhicules à moteur thermique ;
- privilégier pour les trajets courts, les modes de déplacement non-polluants tels que la marche ou le vélo ;
- différer autant que possible les déplacements internes aux agglomérations ;
- favoriser le covoiturage ou les transports en commun ; réduire sa vitesse de 20 km/h hors agglomération ;
- limiter les travaux nécessitant l’emploi de solvants organiques ou de matières à base de solvants ;
- éviter d’allumer des feux d’agréments ou barbecue.
Le secteur des transports est invité à limiter les transports routiers de transit et réduire la production électrique à quai des navires. Le secteur agricole à reporter les épandages agricoles d'engrais. Quand aux émetteurs industriels, ils sont appelés à limiter les émissions de particules fines et de NOx.