Quatre personnes comparaissaient ce vendredi 17 novembre devant le tribunal correctionnel d'Ajaccio, pour des violences et dégradations survenues lors d'une manifestation tenue en mars 2022 devant la caserne d'Aspretto. Parmi les prévenus, un militant du mouvement indépendantiste Core in Fronte.
"Une drôle d'audience", pour laquelle des manifestants "lambda", venus après avoir vu passer l'annonce sur les réseaux sociaux, et un militant nationaliste se partagent le banc des prévenus, résume Me Jean-François Casalta.
Quatre personnes comparaissaient ce vendredi matin devant le tribunal correctionnel d'Ajaccio. Les faits qui leur sont reprochés remontent au 27 mars 2022, lors d'une manifestation devant la caserne d'Aspretto, dans un contexte de tensions faisant suite à la mort d'Yvan Colonna.
Le rassemblement, tenu à l'appel de plusieurs organisations nationalistes, avait réuni plusieurs centaines de personnes, et avait été le théâtre de violences et de dégradations conséquentes, notamment sur la grille d'entrée de la caserne.
Quatre prévenus pour des "dizaines d'émeutiers"
Des faits pour lesquels quatre personnes ont été interpellées dans les mois qui suivent : parmi celles-ci, Julien Duclos, militant de Core in Fronte.
"Il y a deux cents personnes présentes dans cette manifestation, certainement des dizaines d'émeutiers, et à la fin on renvoie en correctionnelle quatre personnes, remarque Me Saveriu Felli, son avocat. Ce qui veut donc dire que quelque part on est tenté de faire peser le poids de l'ensemble des violences sur quelques personnes seulement, et en particulier sur mon client. Cela, forcément, on le conteste et on s'y oppose de manière claire, aujourd'hui, à l'audience."
Julien Duclos a reconnu avoir participé à la manifestation et y avoir commis des "violences légères", indique son conseil. Des violences qui étaient "spontanées", souligne-t-il.
"Je rappelle quand même qu'il était présent à cette manifestation à visage découvert. Il n'était absolument pas préparé, il n'avait pas de tenue vestimentaire qui laisse penser qu'il allait commettre des violences. Il ne reconnaît absolument pas l'ensemble des violences qu'on lui reproche aujourd'hui."
Julien Duclos a bénéficié du soutien, ce vendredi, de Core in Fronte. Le mouvement indépendantiste a ainsi appelé au rassemblement devant le palais de justice, estimant que condamner son militant, "c'est viser [le] mouvement et [ses] idées politiques, face aux tenants de la dépendance et de la soumission à l'Etat français".
Le ministère public a requis 18 mois de prison avec sursis et 10.000 euros d'amende à son encontre.
La relaxe et des petites amendes
Les trois autres prévenus présents ce vendredi ont, eux, un tout autre profil. "Ce sont des gens qui ont vu une annonce sur les réseaux sociaux, et qui, sensibilisés par la mort d'Yvan Colonna, dans les conditions tragiques qu'on connaît, ont décidé de se rendre à ce rassemblement", affirme Me Jean-François Casalta, avocat d'une d'entre eux.
Un procès de manifestation qui "n'est pas classique", insiste-t-il, alors qu'une réquisition de relaxe a été donnée à l'endroit de sa cliente. 500 euros d'amende ont enfin été requis pour les deux derniers prévenus.
Le délibéré est attendu le 8 décembre prochain.