Deux rassemblements se sont tenus ce dimanche devant les cantonnements de CRS de Furiani et d'Aspretto, après la diffusion de vidéos de policiers entonnant la Marseillaise, à Furiani, vraisemblablement durant les obsèques d'Yvan Colonna.
Environ 1000 personnes sont rassemblées ce dimanche 27 mars devant la caserne de CRS de Furiani, à l’appel de plusieurs syndicats étudiants et partis nationalistes et indépendantistes.
Avant même le début de la manifestation, des habitants du lotissement voisin se sont plaints d'être bloqués chez eux, empêchés de sortir par des camions de CRS.
Le mouvement a été organisé à la suite de la publication d’ une vidéo sur les réseaux sociaux - qui n’a à cette heure pas été encore formellement authentifiée -, qui daterait de vendredi, 15h, heure des obsèques d’Yvan Colonna, et dans laquelle les CRS chantent La Marseillaise et applaudissent.
En réponse à cette vidéo, des mobilisations ont déjà pris place samedi à Ajaccio et Bastia, rassemblant chacune une centaine de personnes sans qu'aucun incident notable n'ait été enregistré.
La situation se tend
Vers 18 heures, une demi heure seulement après le début du rassemblement, la situation est tendue : des manifestants sont parvenus à enlever une des grilles qui entourent la caserne, aux cris de "Statu francesu assassinu ou encore "tu chantes plus la Marseillaise !". Les CRS les éloignent à l'aide de gaz lacrymogènes et jets d'eau.
Plusieurs feux de palettes et pneus sont allumés par des manifestants : le plus grand, au niveau du rond-point menant à la caserne, s'accompagne d'une large banderole "è fora a Francia !".
Une cinquantaine de manifestants cagoulés envoient des cocktails molotov sur les forces de l'ordre, qui restent campées sur leur position et répliquent à tirs fournis de gaz lacrymogènes et grenades de désencerclement. Quelques jeunes sont légèrement blessés et pris en charge par les secours.
La situation reste tendue à 19h : deux hommes cagoulés se saisissent d'un drapeau français et le brûle face à la caserne des CRS, sous les applaudissements des manifestants.
Le face à face se poursuit durant quatre heures, au cours desquelles la foule de manifestants se disperse peu à peu. À 22h, ne reste plus qu'une cinquantaine de manifestants, face aux CRS, renforcés par la garde mobile. Les affrontements se sont déplacés de l'autre côté de la caserne, et CRS et manifestants sont séparés par un grand feu de poubelles.
Les CRS effectuent plusieurs demandes de dispersion, accompagnées de tirs de lacrymogènes et grenades de désencerclement, sans succès. Un groupe de jeune hommes récupère une voiture épave, poussée dans le feu de poubelle.
Mais rapidement après l'arrivée de la garde mobile, appelée en renfort, et leur appel au départ des manifestants "avant usage de la force", les derniers mobilisés finissent par quitter les lieux. Le calme revient finalement aux environs de 22h45.
Selon la préfecture de Haute-Corse, on recense deux blessés parmi les forces de l'ordre, et sept blessés légers parmi les manifestants.
À Aspretto, un autre rassemblement
Ce dimanche, une autre manifestation s'est tenue au même moment à la caserne d'Aspretto. Environ 400 personnes se sont mobilisées, et le rassemblement a été le théâtre de quelques insultes de manifestants et tirs de lacrymogènes des CRS. La situation s'est calmée aux environs de 20h.
La sortie d'Ajaccio est restée bloquée le temps de la manifestation.
"Une nouvelle preuve du caractère colonial de la présence française"
Pour le candidat à la présidentielle du Nouveau Parti Anticapitaliste Philippe Poutou, la vidéo à l'origine de ces manifestations est " une nouvelle preuve du caractère colonial de la présence française".
Dans un tweet posté ce lundi 28 mars, il exprime sa " solidarité avec le peuple corse, pour son autodétermination et ses revendications".
Emmanuel Macron, au cours d'un déplacement de campagne à Dijon, a pour sa part appelé au calme, et affirmé que le plus important était de "raison garder".