Le 15 mars prochain, date du premier tour des élections municipales, deux listes s’affronteront à Sarrola-Carcopino. D’un côté celle du maire sortant, Alexandre Sarrola, divers gauche en 2014, de l’autre, celle de François Casasoprano, sans étiquette d’essence nationaliste.
C’est finalement sans le soutien de Femu a Corsica qu’Alexandre Sarrola, maire sortant, se présente aux élections municipales de Sarrola Carcopino.
Si dans un premier temps, le parti nationaliste lui a apporté un appui, sous la forme d’un contrat de mandature et la présence de Marie-Hélène Servas-Casanova sur sa liste, le manque de garanties de la part d’Alexandre Sarrola et une polémique naissante, dénonçant le non-respect des fondamentaux nationalistes, ont eu raison de l’alliance. « J’ai été très étonné par cette rupture. Dans ce contrat de mandature, il était exclusivement question de projets relatifs à un développement cohérent et pérenne de notre commune pour le bien-être et la qualité de vie des habitants. Mais le pacte n’est pas caduc et les axes principaux actés dans ce document seront complètement intégrés à mon programme », soutient le maire sortant (liste divers gauche Union de Sarrola en 2014).
►Entretien avec Alexandre Sarrola, maire sortant :
Un retrait que son opposant, François Casasoprana, tête de liste « Pa cambia Sarrula e Carcupinu », sans étiquette d’essence nationaliste, qualifie de « courageux et réaliste ».
Centres commerciaux
Car depuis quelques années, la commune de Sarrola-Carcopino est connue pour ses deux impressionnants centres commerciaux situés à quelques cinquantaines de mètres l’un de l’autre.
En 2017, l’Atrium, porté par Patrick Rocca, est le premier à sortir de terre. Il propose un hypermarché de 6.500 mètres carrés et une galerie marchande de 55 enseignes. Un an plus tard, c’est au tour de François Padrona d’ouvrir son centre commercial, avec un hypermarché de 14.000 mètres carrés, le plus grand de Corse, et 45 boutiques.
Un développement urbain que dénonce François Casasoprana : « Le problème, c’est que Sarrola est certainement la commune la plus équipée en hypermarchés, mais que reste-t-il du village ? Il vit sur un piton rocheux difficile d’accès où les routes ne sont pas faites, où l’adduction d’eau date du moyen âge, où il n’y a pas de tout à l’égout … où il n’y a rien, c’est abandonné. » Critiques auxquelles le maire sortant répond : « La situation géographique de Sarrola a attiré différents investisseurs. Ils se sont installés sur la commune, aurais-je dû m’en offusquer ? J’ai pris le parti de les accompagner dans le seul objectif de sortir ma commune d’une impasse économique qui était inévitable à ce moment-là. »
►Entretien avec François Casasoprana, tête de liste "Pa cambia Sarrula e Carcupinu" :
Ces investisseurs privés proposent désormais des services. Patrick Rocca a ouvert une crèche de 60 berceaux. Et même si la mairie en racheté 13, elle ne peut pas faire le poids face à ces privés capables d’investir des millions d’euros, de construire des infrastructures en un temps record lorsqu’elle est contrainte par un budget et des lenteurs administratives. Ainsi, depuis sept ans, il est question d’une nouvelle école pour la commune dont la première pierre n’a toujours pas été posée.
Classement des zones agricoles protégées
Point majeur de la campagne : l’absence de plan local d’urbanisme (PLU). « Il viendra lors de la prochaine mandature. Je pense que dans les deux ans à venir, ce sera le premier chantier opéré, dans le respect du Padduc [plan d'aménagement et de développement durable de la Corse], par la nouvelle équipe », affirme Alexandre Sarrola. En cas de victoire, l’élaboration de ce document sera une « priorité » pour François Casasoprana, avec comme objectif, le « développement agricole » jugé « à l’abandon » au profit des « zones commerciales construites de façon anarchique à cause de l’absence même d’un PLU. » « Le principe est de créer un univers où les gens peuvent vivre », précise-t-il.Également dans le viseur de la tête de liste « Pa cambia Sarrula e Carcupinu » : le classement des zones agricoles protégées. En faveur duquel les professionnels du secteur de Sarrola-Carcopino ont multiplié les actions. « Nous ne prendrons des décisions que concertés. C’est-à-dire que ce sont les agriculteurs qui décideront de l’avenir des terres agricoles », assure François Casasoprana. Des terres que compte aussi classer le maire sortant. « Il s’agira de préserver le poumon vert de la commune, entre la plaine et le village, en classant les terres agricoles dans le cadre du PLU », soutient-il.
Sarrola-Carcopino compte 3.300 habitants. La commune présente une des plus fortes croissances démographiques.