Suite à la manifestation de policiers municipaux en grève, le 21 novembre, dans les locaux de l'hôtel de Ville, la mairie de Marseille a déposé une plainte contre X pour dégradations. La méthode désarçonne les syndicats , qui y voient une tentative d’intimidation, pour faire taire la contestation.
L'appel à la grève, le jeudi 21 novembre, avait été lancé par une intersyndicale CFE-CGC et CFTC de la police municipale à Marseille. En ligne de mire : le calcul d’une nouvelle indemnité jugée "décourageante" et inégalitaire par les personnels. Mais la manifestation qui s'est déroulée, dans la matinée, sous les fenêtres de Benoit Payan, a mal tourné. Plusieurs dizaines de policiers municipaux se sont retrouvés dans l’enceinte de l’hôtel de Ville, où les esprits se sont échauffés.
Suite à ces événements, la Ville de Marseille a décidé de déposer une plainte contre X, précisant dans un communiqué ce 3 décembre, avoir "constaté des dégradations et des comportements inadmissibles de la part de quelques manifestants, incompatibles avec leur statut de policiers municipaux dévoués au quotidien pour le respect de la tranquillité publique".
Une prise de position inédite
Les faits reprochés sont qualifiés d'"actes malveillants" qui méritent d'être sanctionnés. La mairie précise être "attachée à la liberté de manifester", mais déplore que cette manifestation "ne se soit pas déroulée de manière pacifique, dans le respect d’autrui et des biens publics." La Ville n'écarte d'ailleurs pas de prendre des sanctions disciplinaires, si la responsabilité de certains agents était avérée.
Une prise de position inédite qui ne manque pas de faire réagir. "À défaut de dialoguer avec ses policiers municipaux, Benoit Payan préfère opter pour le conflit. Ceux qui protègent les Marseillais au quotidien méritent mieux", a déclaré dans un post sur X Bruno Gilles, membre du groupe d’opposition municipal de droite (UVPM).
À defaut de dialoguer avec ses policiers municipaux, @BenoitPayan préfère opter pour le conflit. Ceux qui protègent les Marseillais au quotidien méritent mieux. https://t.co/M125DKz4SS
— Une Volonté Pour Marseille (@UVPMarseille) November 29, 2024
Du côté des organisations syndicales à l'origine de cette manifestation, c'est la consternation. Leurs représentants ne semblent pas comprendre pas de quelles dégradations il est fait état, mais reconnaissent pour autant avoir pénétré dans la salle des mariages et pour certains s'être avancé au balcon de la Mairie.
"Se retourner contre ses propres agents, la bonne méthode ? "
Ludovic Bedrossian, président de la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC) des policiers municipaux de Marseille, livre, lui, une tout autre version des faits. L'entrevue avec la DRH n'ayant pas débouché sur l'ouverture de négociations, les syndicalistes ont demandé à rencontrer un autre interlocuteur, "à un niveau plus élevé de la hiérarchie", puis tenté de contacter d'autres responsables haut placés, sans succès. Deux heures plus tard et après d'autres essais infructueux, "après avoir frappé à toutes les portes et face au mépris rencontré", la tension est montée parmi les agents, à coups de sifflets et de huées. Mais il assure qu'il n'y a eu "aucun dégâts, ni aucun blessés".
Au lieu de soutenir les policiers qui traversent des moments très difficiles, la mairie se retourne contre X. Pour nous X, c'est clairement la police municipale.
Ludovic Bedrossian, responsable CFTC Police Municipale de Marseille.France 3 Provence-Alpes
Pour Ludovic Bedrossian, "le signal qui est envoyé n'est pas bon". Le responsable syndical dénonce une tentative d'intimidation de la part de la mairie "pour "faire peur et briser l'élan de la contestation" et s'interroge : " se retourner contre ses propres agents, je ne sais pas si c'est la bonne méthode, il y aura forcément des répercussions".
Ternir l'image de la police municipale
Pour la CFDT, syndicat qui n'a pas pris part à la mobilisation du 21 novembre, cet épisode risque de ternir l'image de la police municipale marseillaise, tout comme celle de la mairie. Le secrétaire de l'organisation syndicale, Christophe Martin-Chalamel, opposé au principe de la manifestation, affirme "comprendre la position de la Ville, mais ne la défend pas". Il y avait, selon le syndicaliste, "une étape intermédiaire avant la plainte". Il continue d'espérer qu'une reprise des négociations, sur le terrain social, reste possible.