Dans un scrutin marqué par un fort taux d'abstention - 35,98% en Corse - Emmanuel Macron a gagné dimanche le second tour de l'élection présidentielle, d'une courte tête devant Marine Le Pen. Retrouvez ici les réactions des différentes forces politiques de l'île.
La candidate du Front national enregistre 48,52% des suffrages exprimés en Corse. Un score qui la consacre selon le représentant du Front national en Corse Francis Nadizi, "comme la première opposante à M. Macron".
"C'est aujourd'hui véritablement le combat entre les patriotes et les mondialistes qui va se poursuivre. Je regrette infiniment qu'un certain nombre de personnages de droite, que ce soit au niveau national ou local ait pris position pour M. Macron. Nous nous retrouverons bientôt devant les urnes. Je pense que c'est la défaite des vieux partis."
49,9% à Ajaccio, 48,43% à Bastia. le score du Front national interpelle également François Orlandi, président du Conseil départemental de la Haute-Corse.
"C'est quelque chose qui doit nous interpeller, nous faire réagir. Je crois que nous devons entendre les électeurs qui se sont exprimés dans des écarts que l'on ne retrouve pas ailleurs et il faudra se poser les véritables questions. Il faudra redonner confiance aux citoyens, trouver les moyens, les solutions, pour engager la région Corse dans la mouvance nationale."
Si les nationalistes n'avaient pas donné de consignes unifiées, Gilles Simeoni, président du Conseil Exécutif de Corse, avait lui appelé au vote Macron. Désormais il affirme qu'il "faut écouter ce que celles et ceux qui ne partagent pas nécessairement l'idéologie du Front national ont exprimé à travers ce vote et il faut apporter des réponses de fond."
Il analyse ainsi le vote comme étant "l'expression d'une défiance très forte par rapport au système politique français dans son ensemble. Il y a des causes qui échappent à la Corse. Et en même temps, il y a des éléments que l'on connaît ici : le malaise économique, la crainte du communautarisme, la volonté de ne pas s'aligner sur un certain nombre d'événements type banlieues françaises. Tout cela existe. Il faut le prendre en compte et y répondre."
A Bonifacio, dont le maire Jean-Charles Orsucci était lui aussi un des plus importants relais du candidat d'En Marche!, Emmanuel Macron a obtenu 52,96% des suffrages exprimés.
Pour son maire, "on revient de loin dans une commune qui vote souvent à 60%, 65% à droite ou à l'extrême-droite", mais note que "les forces du progrès se sont mis en marche et ont permis à Bonifacio, comme en Corse et comme au niveau national de l'emporter."
"Le message de Marine Le Pen, c'est un message inquiet sur l'Europe, inquiet sur l'immigration, inquiet sur la délinquance. Je n'ai pas identifié ces problèmes sur ma commune. Je n'ai pas identifié autant de problèmes que cela sur l'île de Corse mais il y a vraisemblablement des problèmes puisqu'il y a des gens aujourd'hui qui poussent un cri d'inquiétude et on doit l'entendre", note encore Jean-Charles Orsucci.
Pour les nationalistes, il s'agit de trouver une solution politique à la question corse. "On attend qu’il solde nos 40 années de conflit contemporain avec un pacte politique gagnant – gagnant", a déclaré pour le Rinnovu, Paul-Félix Benedetti qui souhaite "une proposition d'émancipation pour la Corse à la hauteur de ce qu'on déjà les autres îles de la Méditerranée".
Quanf au vote FN, "on ne peut pas admettre qu'en Corse, il y ait 50% de crypto-fascistes, ce n'est pas vrai. Ce sont des gens comme nous, qui vivent ici mais ils n'ont pas entendu les bons messages et on doit aujourd'hui faire en sorte que (...) par la perspective d'un avenir meilleur centré sur la Corse, on ait enfin une solution qui soit à la hauteur de nos enjeux."
"Nous combattons depuis 20 ans ce que la politique a amené dans notre pays, à savoir la montée du Front national pour une colère qui a du mal à s'exprimer dans un avenir plus positif", a déclaré Christine Malfroy, représentante de La France Insoumise à Ajaccio,
"La montée de Jean-Luc mélenchon, 20% au premier tour est révélatrice de ce programme d'un avenir collectif (...) qui est défini sur les droits humains qu'il faut recadrer, sur ce qu'il faut inventer, sur les politiques qui doivent prendre soin de l'environnement parce que l'humain habite cette planète qui est notre bien-commun."
"Je pense que, sans vouloir vexer personne, une partie de la droite s'est reportée sur M. Macron et aussi sur Mme Le Pen en Corse", a pour sa part déclaré Pierre-Jean Luciani (droite), président du Conseil départemantal de Corse du Sud.
"Il n'y a pas à dire que Les Républicains explosent. Il y a dire que toutes les tendances des Républicains et de la droite et du centre vont se rassembler pour partir en campagne pour les législatives et plus loin, pour les territoriales."
C'est désormais la question des législatives qui se pose également à droite. "Nous allons voir ce qu'il se passe. Nous ne savons pas aujourd'hui qui sont les candidats investis par Emmanuel Macron en Corse comme ailleurs", a indiqué Camille de Rocca Serra, député LR de la 2ème circonscription de Corse du Sud.
"En tant que gaulliste, je suis respectueux des institutions de la Ve République. Cela veut dire des institutions fortes avec des majorités cohérentes pour gouverner. Ceux qui aiment la France, qui ont voulu l'alternance, sauront trouver dans les candidats des Républicains et du centre, la réponse à l'alternance."