L'ambiance reste très lourde dans le village de Tavera (Corse du Sud), deux mois après la destruction de la piste menant aux estives et après des menaces interdisant son accès aux bergers et aux chasseurs de la région. Le conseil municipal a décidé de ne pas refaire la piste.
Les tensions autour des estives sur les hauteurs de Tavera continuent. Dans ce petit village de Corse du Sud (400 habitants), la piste qui mène aux estives, également empruntée par les pompiers dans la lutte incendie, a été détruite à coups de pelleteuse début mai. Des lettres de menaces ont été adressées à des bergers pour leur interdire l'accès à la zone.
Un climat de pression et de peur souligné par les éleveurs. "On me dit que la montagne veut reprendre ses droits, que toutes les personnes qui réhabiliteront la route en subiront les conséquences; on s'attaquera aux troupeaux, aux bergeries" témoigne l'un d'entre eux.
"On nous menace carrément, celui qui va refaire la route, peut-être que l'on va le tuer".
L'enquête confiée à la gendarmerie n'a pas permis d'établir de mobile, même si la piste d'un projet immobilier a été évoquée, alors dénoncée par le mouvement indépendantiste Core in Fronte. Mais les auditions se sont succédé, dont celle du maire du village, sans succès.
Bucugnà, Tavera, Bastelica : Soutien aux bergers des estives de Verdanese, Pozzulu et Purcilelli victimes d'actes de malveillance. pic.twitter.com/VVUrMVXJT3
— Core in Fronte (@coreinfronte) 29 mai 2018
Dans la microrégion chacun s'interroge: Pourquoi détruire cette piste? Comment une piste DFCI (Défense de la Forêt Contre l'Incendie), gérée par des fonds publics peut-elle être détruite sans que l'Etat ne réagisse?
Mi-juin, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées autour des bergers de Tavera pour dénoncer la situation, à un mois du début des estives. L'absence du maire -qui n'a pas porté plainte- et officieusement indiqué vouloir rester le plus neutre possible, avait été soulignée.
Cette fois, lors d'une réunion en mairie lundi, les élus du village ont tranché et décidé de ne pas refaire la piste, au grand dam des bergers. "Aujourd'hui on donne raison à ces voyous de mettre les bergers dehors".
Cette décision intervient à la veille d'une rencontre prévue à la Collectivité de Corse, qui tranchera... ou pas.