"Je vais le tuer" : pourquoi cette phrase, prononcée la veille de l'assassinat d'Yvan Colonna, n'a fait l'objet d'aucun rapport ?

Oubli ? Disfonctionnement ? Escamotage ? Une audience après l'autre, la commission d'enquête cherche à comprendre pour quelle raison il n'y a aucune trace d'une information aussi importante dans le logiciel de gestion des détenus. Sans succès.

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Hier, mardi 4 avril, c'était au tour d'une surveillante de la maison centrale d'Arles de se présenter devant la commission d'enquête, à l'Assemblée nationale. Et pas n'importe quelle surveillante. C'est elle qui, la veille de l'agression mortelle d'Yvan Colonna par Franck Elong Abé, a surpris une conversation entre ce dernier et deux autres détenus. Une conversation au cours de laquelle elle a entendu prononcer la phrase "je vais le tuer"

Depuis des semaines, les députés s'interrogent quant aux raisons pour lesquelles cette information, capitale à la lumière de ce qui a suivi, n'a pas été provoqué une réaction immédiate de l'administration pénitentiaire. 

Omission ou effacement

La première raison invoquée, c'est son absence du logiciel Genesis, qui a pour but de centraliser tous les éléments en possession des agents pénitentiaires au contact des détenus, et de les faire remonter à la hiérarchie. 

La surveillante a déclaré, hier, à huis clos, qu'elle ne "l'avait pas mis dans le logiciel parce que la personne qui l'avait prononcée n'avait pas été clairement identifiée", confie Jean-Felix Acquaviva, le président de la commission, à la sortie de l'audition. Le député nationaliste voit là "une solidarité entre l'agent et sa hiérarchie qui pose problème"

Qu'est-ce que cet officier a fait de ce renseignement ?

Romain Baudry, député RN

Cette version, livrée par la surveillante, va quoi qu'il en soit dans le sens du parquet national antiterroriste, qui affirmait lors d'une précédente audition que l'information n'avait pas été inscrite dans le logiciel, alors que Jean-Félix Acquaviva, lui, évoquait la possibilité d'un effacement volontaire...

Chaîne de transmission

Néanmoins, si elle déclare ne pas avoir renseigné le logiciel Genesis, l'agent précise qu'elle a transmis immédiatement l'information le premier surveillant, qui en aurait fait part à l'officier.

Une précision qui n'éclaire pas franchement les choses, selon Romain Baudry, député du Rassemblement national et vice-président de la commission d'enquête : "qu'est-ce que cet officier a fait de ce renseignement ? Est-ce qu'il l'a fait remonter à l'échelle supérieure, à la direction ? Est-ce que le renseignement pénitentiaire a été informé ? Autant de questions qui restent en suspens..."

Un autre élément, peu de temps avant, aurait pour sa part bien été renseigné dans le logiciel, selon la surveillante. Celle-ci estimait que Franck Elong Abé "changeait de comportement", et qu'il avait "vidé sa cellule"

"Et cette information non plus n'apparaît pas dans le logiciel Genesis", feint de s'étonner Jean-Félix Acquaviva, qui continue de croire à un effacement de certaines données, alors que plus aucun élément n'a été entré dans la fiche Elong Abé après le 29 janvier 2022, soit un peu plus d'un mois avant l'agression mortel dont a été victime Yvan Colonna. 

Légèreté 

Laurent Marcangeli, le rapporteur de la commission, parle plutôt de "défaut de coordination, dans le meilleur des cas, mais également d'un laisser-aller, ou plutôt d'une certaine légèreté, dans la surveillance de Franck Elong Abé". "Cela me semble évident", conclut le député Horizons de la première circonscription de Corse-du-Sud. 

D'autres auditions sont encore prévues dans les prochaines semaines. Avant que la commission rende ses conclusions, au mois de mai. 

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