L'assistante parlementaire au Sénat, originaire du sud de la Corse, a reçu l'investiture du Parti Socialiste dans la première circonscription de Corse-du-Sud. Elle veut être "la candidate de la justice sociale et climatique".
Angélique Susini est originaire de Porto-Vecchio. A l'âge de 27 ans, elle a déjà une longue expérience de la politique, au sein du Parti socialiste, et au Sénat, où elle est la collaboratrice de deux sénatrices PS. Mais c'est la première fois qu'elle va se confronter aux urnes. "J'ai été très touchée que Jean-Marc Ciabrini et Alain Combaret me le proposent, et j'ai dit oui tout de suite".
Qu’est-ce qui a motivé votre candidature ?
Je fais de la politique pour améliorer la société, et pour que les gens aient accès à une vie digne. En cinq ans, la fracture sociale s'est terriblement aggravée, la situation économique des Françaises et des Français est insupportable. L'occasion était belle d'être la candidate de la justice sociale.
Si vous êtes élue, quelles seront vos principales actions pour votre circonscription ?
D'abord, je veux préciser que les législatives sont des élections nationales, mais je veillerai à ce que la Corse ait sa part dans toutes les propositions que l'on porte. C'est le cas par exemple en matière de santé. Il faut un grand plan d'urgence pour l'hôpital public dans le pays, et il faudra renforcer les plateaux techniques des hôpitaux à Bastia, à Ajaccio, Bonifacio ou Calvi. Il est impératif de réouvrir des lits, et pour cela, il faut des soignants. Et pour avoir des soignants, il faut revaloriser les salaires, il faut que l'on en forme plus. C'est à ce prix que l'on garantira l'accès à ce service public primordial.
Les socialistes, traditionnellement, sont partie prenante des mouvements de décentralisation.
Mais il faudra également se saisir du problème du logement en Corse, alors que l'île est la proie de la spéculation foncière et immobilière. De nombreux outils existent déjà, mais il faudrait mieux les appliquer. Par exemple, à Pietrosella, la municipalité a mis en place le bail réel solidaire, qui permet l'accès à la propriété, en divisant par deux le coût d'achat du logement, en fonction de critères sociaux. C'est un dispositif qui mériterait d'être plus connu. Il permet de garder les habitants, d'assurer le dynamisme de la commune, et le maintien des services publics et des commerces.
Nous voulons, par ailleurs, instaurer la gratuité des premiers volumes d'eau et d'électricité, qui sont indispensables à une vie digne. Pour nous, ces produits-là ne peuvent être soumis à une quelconque loi du marché.
Un cycle de discussions devrait s'amorcer entre le futur gouvernement et les élus de la Corse autour de la possibilité d'évoluer vers le statut d'autonomie que vous évoquiez. Quelle sera votre position sur cette question ?
Pour l'heure, on attend les propositions du gouvernement, qui attend les législatives avant de se positionner. Mais les socialistes, traditionnellement, sont présents dans les mouvements de décentralisation. On l'a prouvé à travers les lois Deferre, avec Pierre Joxe, Lionel Jospin ou Bernard Cazeneuve, plus récemment.
Nous sommes donc ouverts sur la question de l'autonomie, mais il me semble nécessaire d'évaluer ce qui a déjà été fait, pour en tirer des enseignements, et aller vers une évolution qui soit la plus efficace et la plus utile pour les élus locaux, territoriaux, et pour les habitants de l'île. Et nous serons particulièrement vigilants concernant la préservation des droits sociaux pour toutes et tous.
Face à vous, dans la première circonscription de Corse-du-Sud, vous avez une candidate du Parti communiste, et un candidat de La France Insoumise. La Nupes, de toute évidence, n'a pas franchi la Méditerranée...
Le PS de Corse-du-Sud était favorable à un rapprochement, comme il l'a prouvé à plusieurs reprises par le passé. Il suffit de se référer à la dernière municipale ajaccienne, où les socialistes n'ont pas hésité à se ranger derrière un candidat communiste. Nous avons également joué le jeu à Sartène, et dans d'autres communes. Ce n'est qu'en faisant l'union que la gauche est forte et qu'elle obtient de réelles avancées sociales... Si l'alliance de la Nupes n'est pas effective en Corse, croyez-moi, ce n'est pas de notre fait.
Si vous faites votre entrée à l'Assemblée nationale, quelle sera votre stratégie ?
Je ne sais pas encore comment s'organisera la majorité, que je souhaite à gauche, au lendemain du deuxième tour. Je pense qu'il y aura plusieurs groupes au sein de l'alliance. Si je suis élue, ce dont je ne doute pas (rires), je siégerai au sein du groupe socialiste, puisque j'ai reçu l'investiture du Parti socialiste au niveau national.