Yves Nicolaï entend faire entendre en Corse la voix de L'Ecologie au Centre, mouvement créé au plan national en réaction à l'entrée d'Europe Ecologie Les Verts au sein de NUPES. C'est un nouveau venu dans l'arène politique insulaire.
L'agent territorial ne le cache pas, son engagement en politique est récent. Il le situe au moment de l'éclosion du mouvement des gilets jaunes. Il commence alors à mener une réflexion sur une implication citoyenne. Et cette année, cette implication se matérialise par sa candidature dans la deuxième circonscription de Corse-du-Sud sous la bannière de L'Ecologie au Centre, un mouvement écologiste qui réunit, pour ces législatives, plusieurs petits partis opposés à la Nouvelle Union Populaire, Ecologique et Sociale (NUPES), dont fait partie EELV. Nous avons voulu en savoir plus.
Qu'est-ce qui a motivé votre candidature ?
J'ai constaté les dégâts qui s'accumulent depuis de trop longues années, et je suis très inquiet pour nos compatriotes. Les gens, aujourd'hui, doivent faire un choix entre remplir leur véhicule ou remplir leur frigo, et c'est catastrophique. De trop nombreuses personnes n'arrivent plus à vivre dignement du fruit de leur travail ou de leur retraite. On doit faire face à une dette publique qui s'accumule, et qui représente 2.800 milliards d'euros, dans le budget prévisionnel. En septembre le gouvernement a déjà prévu une dette supplémentaire de 150 milliards d'euros... Et cela ne fera que monter à cause de l'inflation.
Il y a une urgence budgétaire et économique, il faut rééquilibrer le budget, et selon les études que nous avons faites, on pourrait récupérer 200 milliards d'euros par an, chaque, année, sans toucher au budget de l'Etat, avec plus de rigueur et de respect des règles. Et on pourrait financer les retraites, les salaires. On a ces moyens-là.
En Corse, on ne met même pas à profit le quart de ce que la nature nous a donné.
Si vous êtes élu, quelles seront vos principales actions en faveur de votre circonscription en tant que député ?
Au-delà de ces problèmes, graves, de pouvoir d'achat, je m'attaquerais aux problèmes des transports dans l'intérieur de l'île, qui favorisent l'isolement. Au centre des préoccupations, également, le déficit pluviométrique. 24 milliards de mètres-cubes tombent chaque année chez nous, et on n'en récupère que 60 millions... Il faudra mettre l'accent sur la transition écologique. En Corse, on peut utiliser l'air, l'eau, le vent, le soleil... On ne met même pas à profit le quart de ce que la nature nous a donné. On pourrait être parfaitement autonomes au niveau environnemental, au niveau des déchets, créer des carburants localement, du gaz, grâce au recyclage plastique, par exemple. Ce sont des techniques qui ont fait leurs preuves ailleurs. On pourrait s'inspirer d'ailleurs, de l'île de Madère, par exemple, qui est parfaitement autonome en matière d'électricité grâce aux cours d'eau et aux courants. Ils ont engagé de vrais moyens, et ce serait intéressant d'aller voir ce qui se passe là-bas. En créant, par exemple, une commission interrégionale, pour mieux comprendre comment ils y sont arrivés...
Un cycle de discussions devrait s'amorcer entre le futur gouvernement et les élus de la Corse autour de la possibilité d'évoluer vers un statut d'autonomie. Quelle serait votre position sur cette question ?
Je serais favorable à l'autonomie. Nous sommes parfaitement capables d'être autonomes, nous l'avons prouvé par le passé, alors que les Corses géraient les colonies françaises. Mais il ne faut pas qu'il y ait de dérives, il faut être vigilants, et travailler avec le gouvernement, Emmanuel Macron, Gérald Darmanin et les élus insulaires. Et puis il faut aussi solliciter le peuple. IL faudrait faire un référendum d'initiative citoyenne, pour demander l'avis de la population. C'est comme cela qu'on obtiendra le retour des électeurs dans les isoloirs, et qu'on luttera contre l'abstention.
Vous êtes un visage neuf en politique, et représentez un courant qui n'est pas encore clairement identifié par tous, dans une élection qui ne manque pas d'offre, en Corse. Ce n'est pas compliqué d'exister seul ?
Mon mouvement est avant tout un mouvement citoyen. Nous sommes libres, nous ne dépendons ni de la droite ni de la gauche, tout simplement parce que l'écologie n'appartient ni à la droite ni à la gauche. Elle appartient au peuple. Et nous croyons qu'il sera sensible aux nouvelles mesures audacieuses que nous portons, basées sur la coopération, le respect et la responsabilité. Nous sommes un parti visionnaire, qui est basé sur la transition écologique et environnementale, dans le respect de l'humain, du minéral, du végétal et de l'animal.
Si vous êtes élu député, quelle sera votre stratégie à l'Assemblée Nationale ?
Le seul bloc que je connais, pour ma part, c'est celui du peuple. Je vais bien sûr devoir négocier, parlementer avec l'ensemble des groupes de l'hémicycle, mais cela fait partie de la tâche d'un député lors de son mandat. Mais je serai à l'Assemblée nationale avant tout pour contrôler l'action du gouvernement, et pas pour picorer dans sa main. C'est le plus important.