A l'occasion de la manifestation nationaliste organisée samedi à Ajaccio, les Chemins de Fer de la Corse (CFC) ont annoncé un tarif promotionnel pour s'y rendre, non sans déclencher un début de polémique, alors que cette société publique est financée par la collectivité de Corse.
L'annonce faite mercredi sur la page facebook des Chemins de Fer de la Corse fait réagir.Et c’est le meilleur moyen de transport dont la Corse bénéficie à ce jour en terme de mobilité, dans le respect de nos objectifs pour lutter en faveur de la transition énergétique et pour désengorger nos routes ! Prenons le train !!! https://t.co/7KhsM1lldB
— Fabiana Giovannini (@FabGiovannini) 1 février 2018
A l'occasion de la manifestation organisée par les présidents du conseil exécutif et de l'assemblée de Corse, l'entreprise publique annonce "une tarification particulière", avec "une réduction de 50% sur tous les trains « Grandes Lignes » de la journée".
Cette offre intervient dans un contexte déjà tendu entre ceux qui sont pour et contre cette manifestation voulue par la majorité nationaliste à quelques jours de la venue d'Emmanuel Macron en Corse.
"Une Société Publique Locale financée par la CTC offre 50% du billet pour se rendre à la manifestation politique nationaliste du 03 février à Ajaccio ! En droit pénal ça s’appelle détournement de fonds publics !", s'est ouvert sur Twitter le président de la Communauté d'agglomération de Bastia, alimentant un début de polémique.
Une Société Publique Locale financée par la CTC offre 50% du billet pour se rendre à la manifestation politique nationaliste du 03 février à Ajaccio !
— François Tatti (@ftatti) 31 janvier 2018
On est en pleine confusion des genres et des caisses. En droit pénal ça s’appelle détournement de fonds publics ! pic.twitter.com/8qqjEDwKS7
Non seulement ils offrent 50% du billet mais en plus ils modifient les horaires pour qu'un maximum de manifestants soit présent #vergogna
— Alcudina2a (@alcudina2a) 31 janvier 2018
En votre qualité d'élu, c'est de votre responsabilité de porter plainte au nom des contribuables. À moins que vous vouliez juste mettre la puzza...
— Le Corse Tracassin (@CorseTracassin) 1 février 2018
Des internautes saluent au contraire une décision qui doit permettre d'"éviter un trop grand nombre de personnes sur les routes". D'autres défendent une manifestation "qui a pour objectif de défendre la démocratie".
Et si une entreprise de service public permet à un mouvement de population qui s'annonce important oublié ces bénéfices pour éviter un trop grand nombre de personnes sur les routes histoire de jouer son rôle vous trouvez ça comment mr tatti le bien pensant !
— Match Arrangé (@ArrangeMatch) 31 janvier 2018
Le public c’est nous.
— Piereschi Edouard (@PiereschiE) 31 janvier 2018
L’argent c’est le nôtre.
Nous acceptons de le dépenser pour nous rendre à une manifestation qui a pour objectif de défendre la démocratie.
Ça vous parle la démocratie ?
La direction des CFC a également réagi dans un communiqué jeudi matin. Elle assure ne pas avoir voulu avec cette offre "inciter les gens à aller à la manifestation d'Aiacciu", mais plutôt "convaincre les gens (…) de prendre le train plutôt qu'un autre moyen de transport", "plus sûr que la route en période hivernale".
"U troppu stroppia"
La fédération LR de la Haute-Corse est entrée à son tour dans la polémique jeudi après-midi, s'étonnant du "communiqué rectificatif mais néanmoins alambiqué" des CFC. Dans un post sur facebook, elle dénonce des tarifs promotionnels bien loin de ceux habituellement pratiqués."La réduction de 50% n’est pas une réduction habituelle, les scolaires ayant droit à un maximum de 30%, de même que les groupes. Cette réduction de 50% est réservée aux plus de 60 ans et aux handicapés".
La fédération LR de la Haute-Corse indique avoir appelé une gare pour se faire confirmer le tarif à quoi il lui aurait été répondu: "Il suffit de dire que vous allez à la Manifestation."
"Les partis politiques qui appellent à la manifestation n’ont qu’à affréter les trains comme cela se pratique sur le continent. Messieurs les nationalistes le beurre et l’argent du beurre ça suffit", conclu la fédération LR de Haute-Corse.
Gilles Simeoni et Jean-Guy Talamoni ont été reçus à Paris la semaine dernière par le Premier ministre Edouard Philippe, le président du Sénat Gérard Larcher et le président de l'Assemblée nationale François de Rugy.
A la sortie de leurs entretiens, les deux leaders nationalistes ont jugé que "l'Etat refusait de reconnaître et de prendre en compte la dimension politique de la question corse", appelant à une "grande manifestation populaire" le 3 février à Ajaccio.