Mouflons corses importés illégalement en Belgique : "il n'a jamais été question de les abattre", assure le prévenu

En 2019, 21 mouflons corses faisaient leur apparition dans un parc belge. Pour être chassés, ou observés ? C'est l'une des questions a laquelle devra répondre le tribunal correctionnel de Charleroi

Sébastien E, propriétaire d'un bois de 50 hectares dans le bois de Pleumont, dans le pays de Chimay, en Belgique, l'assure : s'il a fait venir ces mouflons de race corse depuis Confolens, en Charente, où ils sont nés en captivité dans un élevage, c'est en toute bonne foi : "je suis un passionné de nature, j'aime bien l'observer. J'aime cette espèce, et je me suis dit pourquoi pas".
Vendredi 1er septembre dernier, l'homme s'est présenté devant le tribunal correctionnel de Charleroi, et a tenté de justifier ainsi l'importation de ces mouflons, alors qu'"Il est strictement interdit d’introduire dans la nature des espèces non-indigènes ou des souches étrangères d’espèces indigènes", précise le parquet de Charleroi.

Rondes de chasse

Dominique Milanini, militant de Global Earth Keepers, l'association qui s'est très vite emparé de l'affaire, et qui s'est constitué partie civile, ne croit pas du tout à la sincérité de Sébastien E. Pour le spécialiste de la lutte anti-braconnage de GEK, le propriétaire du parc" organise des chasses privées sur ses terres, et cela fait longtemps qu'il était dans le viseur du DNF, le Département Nature et Forêt belge".

L'avocat de la défense, pour sa part, a évoqué un acharnement contre son client, qui, "lors des rondes de chasse, a toujours interdit qu'on les tire, c'était la consigne". Mais ses arguments n'ont pas convaincu le ministère public belge, qui a requis 15 mois de prison contre le prévenu, et une lourde amende. La décision sera rendue le 6 octobre prochain.

Menacés d'euthanasie

Plus que la peine encourue par Sébastien E, c'est l'avenir des mouflons qui inquiète Global Earth Keepers. D'autant que le DNF a demandé, à quatre reprises, l'euthanasie des bêtes, "puisqu'ils avaient été importés et introduits sans autorisation dans la forêt chimacienne".

Une solution qui, heureusement pour les amoureux des bêtes, n'a pas été retenue par la justice wallonne. Maître Tiberi, l'avocat de GEK, a réussi à convaincre la juge d'instruction d'opter pour une saisie intellectuelle, "ce qui fait d'elles l'équivalent de pièces sous scellés".

Reste à savoir ce qu'il adviendra des mouflons une fois la décision de justice rendue. Pour l'ONG de défense animale et environnementale, pas question qu'ils soient abattus. La branche corse de Global Earth Keepers, qui sait trop à quel point le mouflon corse est rare dans les montagnes de l'île, ne l'acceptera pas.

Mouflons apatrides

Le problème, c'est que personne n'est vraiment en mesure de dire si ces mouflons sont réellement des mouflons corses, et pas des mouflons méditerranéens. Leur aspect ne laisse guère de doutes, mais cela ne constitue pas une preuve.

"Le mouflon endémique de chez nous, on le détecte par prise de sang. Il aurait suffi d'en faire une pour être fixés. Seulement voilà, les services belges, seuls habilités à en demander, ne l'ont pas fait."

Il faudra les stériliser, pour éviter qu'ils se reproduisent, deviennent une espèce indigène, et puissent être chassés

Dominique Milanini

Et pour cause. La seule chose qui intéresse vraiment la justice belge, c'est de savoir si c'est une espèce indigène et allogène. Et cette question, elle, a été tranchée. C'est une espèce allogène, venue d'ailleurs. Peu importe qu'elle soit Corse, Ardéchoise ou Ecossaise. 

"On ne peut pas les faire revenir en Corse, pour une question de génome. Mais on va tout faire pour que ces mouflons ne deviennent pas chassables, qu'ils soient mis sous garde, dans un vrai enclos. Et puis, il faudra les stériliser", précise Dominique Milanini.

Devant notre étonnement, le spécialiste de la lutte anti-braconnage précise : "il faut éviter qu'ils se reproduisent, pour une raison simple. Les mouflons ne sont pas une population indigène en Belgique. Et si certains d'entre eux naissaient sur le territoire, cela ne ferait plus d'eux une population allogène, qu'il est interdit de chasser, mais une population indigène, qui entrerait dans le plan de chasse et pourrait être tirée du 1er octobre au 31 décembre, comme les grands gibiers que sont les cerfs, les chevreuils, et les sangliers"

Dans le genre histoire belge, on a déjà connu plus simple...

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