L'ancien président du conseil exécutif de Corse Paul Giacobbi et son ancien directeur général des services, Thierry Gamba-Martini ont été entendus à Ajaccio dans une enquête sur des détournements de fonds publics. Les gardes à vue ont été levées mardi soir.
L'ancien député divers gauche (DVG), président du conseil exécutif de Corse de 2010 à 2015 et aujourd'hui conseiller territorial de Corse, a été entendu mardi à la gendarmerie d'Aspretto à Ajaccio, comme son ancien directeur général des services, Thierry Gamba-Martini, "pour détournement de fonds publics et prise illégale d'intérêt dans une enquête préliminaire suivie par le parquet économique et financier de Bastia".
Peu après 20h30, les deux gardes à vue ont été levées, a indiqué la procureure de Bastia Caroline Tharot. L'enquête se poursuit a-t-elle précisé.
Ces auditions font suite à l'ouverture de plusieurs enquêtes après la publication le 22 mars 2018 d'un audit de la chambre régionale des comptes sur l'office des transports de la Corse (OTC).
Cet audit pointait notamment qu'à "deux reprises, en 2014 et 2015, l'OTC avait (...) engagé des dépenses sans disposer pour ce faire d'un mandat de la CTC (Collectivité territoriale de Corse) ou d'une habilitation de son conseil d'administration".
Dans le premier cas, "1,8 million d'euros ont ainsi été réglés à la Compagnie Méridionale de Navigation (CMN) pour l'affrètement d'un navire", Le Pelican, notait la chambre dans son rapport.
Cette première affaire a donné lieu à l'ouverture d'une enquête par le pôle économique et financier du parquet de Bastia et au placement en garde à vue de Paul Giacobbi et Thierry Gamba-Martini et de trois autres personnes le 4 septembre dernier. Ils étaient tous ressortis libres le soir même.
Dans le second cas, "228.000 euros" ont été payés à la CMN "pour permettre l'entrée sur l'île de fourrage destiné aux animaux, sans aucun contrôle par l'OTC de la réalité de ces +importations+ et des quantités concernées", écrit la chambre.
Les auditions de Paul Giacobbi et Thiery Gamba-Martini portaient mardi sur ce deuxième volet.
"Les modalités de mise en oeuvre de l'aide litigieuse relevaient de la compétence de l'OTC et non du président du conseil exécutif de la CTC", a indiqué l'avocat de Paul Giacobbi, Me Emmanuel Mercinier-Pantalacci.
"Pour preuve, la chambre régionale des comptes, dont le rapport constitue le fondement des reproches, a adressé son pré-rapport à tous ceux dont la responsabilité lui apparaissait susceptible d'être mise en cause, mais pas à Paul Giacobbi", a fait valoir l'avocat.
Si en amont Paul Giacobbi a pu approuver le principe d'une telle aide, il n'a pas, en aval, été informé des modalités de sa mise en oeuvre. Or, ce n'est pas l'instauration de cette aide qui pose problème, mais les modalités de sa mise en oeuvre, dont il n'était pas informé ni responsable", a-t-il affirmé.