La famille de réfugiés syriens arrivés dans la nuit mercredi à Porto-Vecchio est partie vendredi de l’aéroport Figari direction une « zone d’attente » à Marseille. Présentée dimanche à un juge des libertés et de la détention, elle devrait être libérée au nom de "l'intérêt supérieur de l'enfant".

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Les onze réfugiés syriens d’une même famille débarqués dans la nuit de mercredi à Porto-Vecchio devraient être libérés dans les prochaines heures. Après être partis de Corse vendredi, ils ont été présentés dimanche à un juge des libertés et de la détention à Marseille, qui a ordonné leur libération, au nom de l’intérêt supérieur de l’enfant et en invoquant un motif de procédure.

La famille est en effet composée de sept adultes, dont une femme enceinte et quatre jeunes enfants. Le parquet de Marseille a dix heures pour faire appel. Durant ce laps de temps, les réfugiés restent en « zone d’attente » au Canet à Marseille, pour être à la disposition de la police française.

Leur remise en liberté leur offre un sauf-conduit de huit jours, où ils pourront circuler légalement sur le territoire français. Huit jours au cours desquels ils devront régulariser leur situation. Ils peuvent faire une demande d’asile ou de titre. Mais cette famille souhaite retourner en Allemagne, où le père a le statut de réfugié.

"Ils avaient une vie fantastique en Syrie"

Mylène, l’épouse du skipper allemand qui a accompagné la famille, a complété le récit fait par son mari à France 3 Corse ViaStella. « Ahmed, le père de famille, avait une vie fantastique en Syrie, avec un chauffeur, des gens qui travaillaient pour lui, une résidence secondaire avec piscine. Durant la guerre, il a reçu une balle dans la cuisse et a dû partir seul vers l’Allemagne.»  C’était en 2015. En Allemagne, Mylène et Ahmed font connaissance. Elle est interprète auprès des demandeurs d’asile. Ahmed obtient le statut de réfugié mais il ne parvient pas à obtenir un rapprochement familial : «Cela prenait beaucoup de temps. Il a essayé durant six ans. Et puis, il avait le droit de faire venir ses enfants, mais uniquement les enfants mineurs. En somme, il devait choisir ceux qu’il prenait avec lui et ceux qui restaient », se désole Mylène dans un français impeccable.

Ahmed décide alors de quitter l’Allemagne pour la Turquie, afin de rejoindre sa famille qui avait réussi à rejoindre le pays. Comme Fritz, son époux, Mylène raconte les conditions difficiles des réfugiés syriens en Turquie : « ils ont tenté de partir mais ils ne pouvaient pas circuler librement là-bas. Leur périple à travers la Turquie s’est fait au péril de leur vie ». Finalement, Ahmed, sa femme, ses cinq filles, ses deux fils et ses deux petits-enfants parviennent à rejoindre Marmaris, où Mylène et Fritz sont en vacances. C’est là que se décide le voyage en voilier, qui devait conduire la famille dans le Var, à Bormes-les-Mimosas. Depuis cette ville, le frère d’Ahmed, qui vit en Belgique, devait venir les chercher pour les aider à rejoindre l’Allemagne.

« Finalement, ils se retrouvent en centre de rétention [la zone d’attente est attenante au centre de rétention du Canet, dans les Bouches-du-Rhône], regrette Mylène, les gens leur demandent ce qu’ils font là. On leur a retiré leur téléphone, ils ne peuvent pas appeler leur famille. Ils n'ont pas d'interprète pour les traduire. Imaginez leur peur, leur désarroi. Ils ne souhaitent pas demander l’asile en France. Ils voulaient se rendre dans un pays où ils connaissent des gens. Ils veulent être libres… »

 

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