Portés disparus depuis le jeudi 24 octobre, les époux Rosay ont été retrouvés vivants ce lundi 28 octobre à Porto-Vecchio. Yves Rosay raconte ces quatre jours d'angoisse, durant lesquels ils ont été contraints de dormir à la belle étoile et de se nourrir d'arbouses.
Aurore Rosay en est convaincue : si ses parents sont encore en vie, aujourd'hui, c'est bien grâce "à leur amour et à leur complicité". Pendant quatre jours, Patricia et Yves Rosay ont erré dans le maquis du massif de l'Ospedale. Ils ont finalement été retrouvés lundi soir, épuisés et affamés, mais sains et saufs.
Le couple, originaire de Cléville, un petit village situé en Normandie, était arrivé en Corse mercredi. Tous deux pasteurs à l'église apostolique de Gaillefontaine, ils célèbrent cette année leurs 40 ans de mariage. Un anniversaire qu'ils avaient décidé de célébrer sur l'île de beauté, en commencant par un premier arrêt à Porto-Vecchio.
96h d'angoisse
Le jeudi 24 octobre, le couple prévoit une promenade vers la cascade Piscia di Gallu. Ils n'ont alors en tête qu'une randonnée de 45 minutes, une heure tout au plus. Ils resteront perdus pendant plus de 96h.
La marche vers la cascade se déroule sans accroc. Mais une fois venu le temps du retour, les époux se trompent de chemin. "On tombe sur deux itinéraires : un à droite et un à gauche, raconte Yves Rosay. Et on ne se souvenait plus duquel était le bon. Donc on a décidé de partir à gauche, plutôt qu'à droite." Le couple suit le chemin durant deux heures avant de s'apercevoir de leur erreur. Ils tentent alors de faire demi-tour, mais rencontrent de grandes difficultés à s'orienter dans le maquis.
S'en suivent alors quatre jours d'angoisse, durant lesquels ils appelleront plusieurs fois à l'aide sans recevoir de réponses, les lieux, reculés, étant peu fréquentés.
Faute d'avoir emporté de la nourriture avec eux, ils se nourrissent d'arbouses. Un fruit qui, consommé cru en trop grande quantité, peut provoquer des problèmes digestifs. Et plutôt que le matelas de l'hôtel bonifacien où ils étaient censés séjourner pour la seconde partie de leur voyage, c'est à même le sol que le couple est contraint de se reposer. La végétation ambiante ne les abritant qu'en partie des pluies.
On pensait à nos enfants, notre famille, nos amis. On n'avait pas de réseaux, donc on ne pouvait pas envoyer de textos, de messages, personne ne pouvait savoir ce qui se passait...
Le second jour, Patricia Rosay fait une chute en glissant sur une pierre. Elle se blesse la cheville et une côte. Le couple continue de suivre le cours d'eau jusqu'au dimanche. Ils arrivent finalement près d'une crique, où ils décident de s'arrêter, épuisés.
"On pensait à nos enfants, notre famille, nos amis. On n'avait pas de réseaux, donc on ne pouvait pas envoyer de textos, de messages, personne ne pouvait savoir ce qui se passait..."
On criait : « il y a quelqu'un ?», et tout d'un coup on entend : « oui, oui, on est là, soyez soulagés. On vient vous aider ».
Et c'est finalement lundi, aux alentours de 17h, que le couple est secouru par un groupe de chasseurs. "On criait : « il y a quelqu'un ?», et tout d'un coup on entend : « oui, oui, on est là, soyez soulagés. On vient vous aider »."
Ces derniers, à l'appel des enfants du couple, participaient aux fouilles pédestres organisées dans le massif de l'Ospedale, aux côtés de la brigade de recherche de Porto-Vecchio. "Ca a été un énorme soulagement après 4 jours".
Moralement, "tout va bien"
Le couple a été immédiatement pris en charge par les gendarmes, et héliporté vers l'hôpital d'Ajaccio. Ils s'y reposent depuis, après quatre journées passées presque sans dormir ni manger. Mais Yves Rosay l'assure, "moralement", ils vont bien : "On espère qu'il n'y aura pas de contre-coup plus tard, mais pour l'instant, tout va bien."
Cette aventure, le couple normand n'est pas près de l'oublier. "On ne connaissait pas la Corse. Pour nos 40 ans de mariage on voulait la découvrir. Au final, on a surtout découvert le maquis" plaisante Yves Rosay.