Devant les assises des Bouches du Rhône où comparaissent 11 hommes pour trois crimes, la parole est à la défense. Au terme de cette septième semaine d'audience, l'un des deux avocats du principal accusé, Guy Orsoni, a plaidé ce vendredi après-midi. Une plaidoirie axée sur les erreurs de procédure.
Se disant "certain" que le jury "n'a pas la preuve" de la culpabilité de Guy Orsoni, Me Martin Reynaud, l'un des deux défenseurs du fils de l'ancien leader nationaliste Alain Orsoni, a réclamé son acquittement, vendredi devant la cour d'assises des Bouches-du-Rhône.
Une peine de trente ans de réclusion criminelle assortie d'une mesure de sûreté aux deux tiers a été requise contre le jeune accusé pour deux assassinats commis en janvier 2009 à Ajaccio et dans sa région. Dans une métaphore montagnarde consistant à comparer les jurés à une cordée d'alpinistes, Me Reynaud les a invités à "ne pas progresser plus avant pour planter un drapeau rouge au sommet d'un Everest judiciaire culminant à 166,5 années de prison".
C'est le cumul des condamnations requises par l'avocat général Pierre Cortès contre les douze accusés jugés depuis le 11 mai. "Abandonner n'est pas péjoratif. Vous n'aurez pas à rougir, pas à baisser la tête, a-t-il plaidé. La justice n'est pas plus belle quand elle condamne que lorsqu'elle acquitte. Ce n'est pas un échec."
Agé de 31 ans, comme son client, l'avocat a considéré que "le mobile évoqué reste à l'état de pure allégation. L'implication de Guy Orsoni dans la préparation des crimes, sa présence sur les lieux du crime ne sont pas prouvées". Il en a pris pour preuve les évolutions de l'accusation sur le mobile de ces deux assassinats. Durant l'instruction, l'accusation évoquait un contentieux financier entre Alain Orsoni et la famille Castola au sujet de l'exploitation au Nicaragua de sociétés de jeux. Dans son réquisitoire, Pierre Cortès justifiait ces deux meurtres par la volonté du fils de protéger son père et de le venger d'un projet d'assassinat, qui l'avait visé en août 2008.
L'ensemble de la défense a plaidé un acquittement général à l'exception des délits évidents comme la détention d'armes pour deux accusés. Les dix-huit avocats ont dénoncé une construction policière à l'image de Me Frédéric Monneret: "On fait appel à votre imagination, à des constructions hypothétiques. Nous ne sommes pas au festival du roman policier de Cognac, mais dans une cour d'assises où l'on doit être exigeant au niveau des preuves."
Les débats reprennent lundi avec la dernière plaidoirie, celle de Me Hervé Témime, l'autre défenseur de Guy Orsoni. Les jurés devraient ensuite délibérer, durant plusieurs jours, en dehors du palais de justice, dans un lieu tenu secret
le reportage de Antoine Albertini et Christian Giugliano :