La mise en vente d'un terrain non constructible à Olivese, pour près de 100 000 euros, inquiète le maire de la commune. Il en appelle à l'ensemble des forces politiques de l'île pour "réguler ce phénomène de spéculation".
Près de 100 000 euros pour un terrain de quatre hectares non constructible à Olivese. L'annonce, postée sur le site d'une agence immobilière, fait polémique.
Le maire lui-même s'en est ému sur la page Facebook de la commune du Taravo. "Quand la spéculation gagne le rural profond, avec l’aide des agences immobilières", dénonce Jean-Luc Millo.
Deux autres terrains adjacents de 2 518 m2 et 3 260 m2 appartenant au même propriétaire ont également été mis en vente, à respectivement 6 039 et 7 672 euros. "Ces trois parcelles sont des terrains agricoles, non constructibles et éloignés du centre du village", précise le maire.
En contact avec l'agence immobilière concernée, Jean-Luc Millo indique lui avoir demandé "d’informer le vendeur de l’incohérence de ce prix". "Il ne s’agit pas d’être un censeur ou de dire qui a le doit de vendre ou pas, s'explique l'édile. Ceci étant dit, il me semble qu’il y a une perte de raison sur les prix."
Face au refus du propriétaire, le maire annonce avoir saisi la Société d'aménagement foncier et d'établissement rural (Safer) "pour information" ainsi que le président du conseil Exécutif et l’ensemble des groupes politiques de l’Assemblée de Corse. "Je demande à ce que les élus s’emparent de ce problème avec gravité. On doit pouvoir réguler ce phénomène de spéculation", réclame-t-il.
"Surenchères financières"
Dans un communiqué, le Partitu di a Nazione Corsa (PNC) réagit et s'inquiète : "Si jusqu’à présent la pression foncière ne concernait que les terrains constructibles, il semble désormais acquis que le foncier agricole soit la cible des mêmes mécanismes de surenchères financières."
Rappelant les interventions du groupe Avanzemu à l'Assemblée de Corse "au sujet de la politique mise en œuvre par l’ODARC et d’une analyse minutieuse des rapports agricoles", le parti nationaliste regrette "qu’à ce jour, le Conseil Exécutif n'apporte aucune réponse satisfaisante et concrète".
"La rareté du foncier agricole, les contraintes liées au réchauffement climatique, les difficultés économiques et administratives qui s'accumulent pour les agriculteurs conduisent inexorablement au déclin des exploitations", analyse le PNC.
Et de conclure : "L’ Assemblée de Corse a le devoir impérieux de créer les conditions adéquates au maintien et au développement agricole."
Core in Fronte a également réagi sur les réseaux sociaux. Pour le parti indépendantiste, "ce montant disproportionné, sur un terrain non constructible, participe à la pression foncière que subit la Corse".
"Ce terrain doit garder sa vocation agricole", estime Core in Fronte, qui en appelle à "une mobilisation populaire".