Une plaque officielle a été dévoilée ce samedi à l'entrée du village. Un moyen, espèrent les élus, d'ouvrir le dialogue autour du don d'organes, et ainsi entraîner un plus grand nombre d'accords de prélèvements pour des greffes dans les années à venir.
C'est une première en Corse : le village de Sari-Solenzara, dans l'Alta Rocca, est désormais "ambassadeur du don d'organes". Un titre qui a été consacré hier, samedi 30 mars, avec l'apposition, aux côtés du panneau d'entrée de la commune, d'une plaque officielle indiquant ce nouveau statut.
"Nous avons décidé avec les élus et Monsieur le maire de participer au collectif Greffes +, qui met en évidence ces panneaux et incite ainsi les gens à parler de la greffe et à dire qu'ils sont eux-mêmes donneurs, et à le répéter à leur famille", explique Pierrette Quilici, conseillère municipale de la commune.
Car le problème est encore trop commun, estime l'élue : "Il y a trop de personnes, au moment où leur proche se trouve en mort cérébrale, qui n'arrivent pas à passer le pas et accepter que les organes de la personne décédée soient prélevés."
En ce sens, la commune espère montrer l'exemple pour le reste de l'île. "Si cette plaque peut interpeller les gens... S'il y a des accidents avec des morts cérébrales, il faut que l'on puisse dire : n'oubliez pas, je suis donneur moi aussi", souhaite Pierrette Quilici.
L'élue rappelle par ailleurs que Sari-Solenzara est également impliquée dans la lutte contre la mucoviscidose, en organisant chaque année "des Virades de l'espoir [événement caritatif organisé par l'association Vaincre la Mucoviscidose] qui invitent les gens à se renseigner dessus."
Ouvrir le dialogue
À échelle nationale, et depuis le 1er janvier 2023, date de lancement du dispositif par le collectif Greffes +, ce sont plus de 250 communes qui sont devenues ambassadrices du don d'organes. Aujourd'hui, selon le collectif, seuls 47% des Français ont abordé le sujet du don d'organes avec leurs proches.
Depuis 2017, la loi prévoit que toute personne soit présumée donneuse d'organes. Un refus doit ainsi être clairement signifié : soit en le signalant à des proches, soit en s'inscrivant sur le registre de refus de son vivant. Reste qu'au moment venu, la famille est systématiquement interrogée sur une éventuelle opposition du défunt, et peut ainsi refuser un prélèvement si la question n'a jamais été étudiée.
"Dans un tiers des cas, les proches n'ayant pas abordé le sujet préfèrent, dans le doute, rapporter une opposition", note le collectif Greffes +. "En ouvrant le dialogue, ces panneaux feront diminuer le taux d'opposition et sauveront des milliers de vies", espère le collectif, qui rappelle qu'1% d'opposition en moins signifie autour de 100 organes greffés en plus.
En France, ce sont près de 6000 dons qui sont enregistrés chaque année, quand près de 15.000 personnes sont dans l'attente d'une greffe. Une marge différentielle que le collectif espère bien voir se réduire dans les prochaines années.