Au fil des années, la Raquette de Corail a vu passer des centaines de jeunes joueurs et joueuses de tennis. Certains ont connu la gloire comme Richard Gasquet ou Dominic Thiem, d’autres n’ont pas fait carrière mais tous ont foulé les courts ajacciens. Pour la 30ème édition de la Raquette de Corail, nous vous proposons de parcourir l’histoire de cette compétition des plus importantes, mais aussi des plus méconnues du grand public.
Andy Murray, Richard Gasquet, Tommy Robredo, mais aussi Iga Swiatek, Paula Badosa ou Kristina Mladenovic, autant de noms ronflants du tennis mondial qui ont foulé les terres battues ajacciennes pendant la Raquette de Corail.
4 ans après l’European Master Twelve au Tennis Club des Milelli, naît la Raquette de Corail en 1993. Une compétition individuelle au niveau européen des jeunes joueurs de moins de 12 ans. Cette année-là, un certain Feliciano Lopez s’impose. La patte de gaucher fait déjà des ravages, quelques années plus tard, le jeune Feliciano deviendra 12ème joueur mondial, quart de finaliste à Wimbledon ou l’US Open, puis directeur du Master de Madrid. Dès sa première année, la compétition se pose en lieu de formation pour la future élite mondiale du tennis. Le tout sous la houlette de Jean-Pierre Stefani, réputé pour son engagement au niveau insulaire.
Murray, Thiem, Mladenovic, Cornet
L’année suivante, c’est un Français qui s’impose. Inconnu du grand public évidemment, son nom résonnera quelques années plus tard dans les travées du court Philippe Chatrier à Roland Garros : Paul-Henri Mathieu.
En 2002, le joueur au revers au revers à deux mains fulgurant, fera trembler celui d’André Agassi. Il emmènera le quatrième joueur mondial au cinquième set. Sur le court A du TC Milelli, on assiste aux prémices de ces matches de Grand Chelem. PHM s’impose en 1994 contre Tommy Robredo, 5ème au classement ATP en 2005.
Les années passent, et les futurs grands joueurs se défient encore et toujours. L’un d’eux est déjà une superstar. Enfant prodigue, Richard Gasquet fait la une de Tennis Magazine en 1996 à seulement 9 ans. Sous le feu des projecteurs, mais pas du public bien peu nombreux, Gasquet s’impose avec une facilité déconcertante contre Jamie Murray, frère d’Andy, et numéro 1 mondial de double dans les années 2010.
Le tournant féminin et européen
Le tournoi se déroule exclusivement au Tennis Club des Milelli jusqu’en 2003. Date de la vente opérée par Jean-Pierre Stefani. Jean-Baptiste Benjamin récupère la compétition à l’ASPTT Ajaccio. Le dirigeant se souvient avec émotion : « l’anecdote est croustillante ! On se retrouve avec Jean-Pierre sur le parking des Milelli. Il est en train de balayer, comme d’habitude il fait l’homme à tout faire. Il voulait me voir et me propose de récupérer la Raquette de Corail. J’en ai pleuré. Jean-Pierre Stefani est malheureusement décédé il y a deux ans, et on a tenu à perpétuer sa mémoire. On lui a rendu hommage l’an dernier et le trophée s’appelle désormais le trophée Jean-Pierre Stefani ».
À l’ASPTT, le trophée prend une tout autre tournure. D’inviduelle, la compétition passe en équipe : « c’est ce qui nous a permis de devenir le support de la Coupe d’Europe des Nations, des joueuses de 12 ans et moins. On souhaite perpétuer la formation et dynamiser le secteur féminin. La transition majeure ça a été de passer de l’individuel à collectif » précise Jean-Baptiste Benjamin.
En équipe certes, la compétition, inclut des joueuses féminines à partir de 2001. Elle deviendra exclusivement féminine en 2007 avec l’apparition du championnat d’Europe des Nations : «
même si c’est une compétition par équipe de haut niveau, ça reste une compétition de formation. Les coaches, s’occupent de leurs joueurs, il n’y a pas de problèmes autour des matches. Le coach est là pour former. Je constate qu’en termes de formation, les Tchèques, les Russes, les Ukrainiens poussent leurs joueuses à devenir les meilleures du monde. Si l’on prend le top 50 du classement, près d’une vingtaine de joueuses est passée par ici. » détaille l’ancien président de l’ASPTT Ajaccio.
Compétition, formation, mais aussi anecdotes croustillantes : « une année, l’équipe de France s’impose avec Kristina Mladenovic, l’équipe d’Autriche perd en finale masculine avec Dominic Thiem. Ce qui est drôle, c’est que quelques années plus tard ils vivront ensemble. Il y a plein d’anecdotes de ce type ! » plaisante Jean-Baptiste Benjamin.
Pour autant, la compétition n’a jamais franchi le cap de l’intérêt du microcosme du tennis insulaire. Peu de public, pas plus d’engouement populaire. La faute aux vacances peut-être parce que le cahier des charges impose de tenir la compétition au début du mois d’août. Mais ce n’est pas la seule explication selon Aurore Benjamin, présidente de l’ASPTT Ajaccio : « c’est vrai qu’on aimerait que le monde du tennis insulaire soit un peu plus présent sur notre installation. Même si seules des jeunes filles qui n’ont que 12 ans participent, ça reste du haut niveau. Peut-être des futures numéro 1 mondiales ! ». Iga Swiatek pourra le confirmer.
En 2023, la compétition demeure dans le même esprit. L’équipe de France est de retour après 4 ans d’absence, et les joueuses de l’équipe d’Israël se sont qualifiées pour la toute première fois à la finale du championnat d’Europe des Nations. Peut-être, figureront-elles aussi parmi les top joueuses à avoir arpenté les terrains ocres du TC Milelli et de l’ASPTT Ajaccio.