La Corse parmi les pionniers de la détection du coronavirus par les chiens

L'île est la seule région de France qui s'est portée volontaire, par l'intermédiaire des pompiers de Corse-du-Sud, pour rejoindre les essais lancés par la prestigieuse école vétérinaire d'Alfort. L'hôpital d'Ajaccio et la Gendarmerie sont également partie prenante. 

A Ajaccio, tout est en place.
Pour débuter les tests, il ne manque rien. 
Ou presque. 

Les formateurs attendent encore ce qu'ils appellent "le matériel". 

"Les compresses doivent être coincées sous l'aisselle de patients, à l'hôpital d'Ajaccio, durant une vingtaine de minutes, avant d'être prélevées par les infirmières, mises dans un bocal stérilisées, et acheminées pour l'éducation du chien", nous explique le vétérinaire-commandant Aymeric Benard.

Une compresse sous l'aisselle

Une fois les compresses réceptionnées, durant huit jours, les chiens vont être formés. 
On va leur présenter des compresses, certaines chargées des effluves de malades du coronavirus.

Et d'autres, qui seront négatives. Lorsque le chien désignera la bonne compresse, il sera récompensé. 

Ensuite, il faudra, durant une semaine, multiplier les vérifications pour que les statistiques valident les premiers essais. 

La dernière étape, ce sera celle de la présentation des résultats aux autorités. 

Des chiens pour diagnostiquer les patients

"Bon, maintenant, il reste à prouver que l'odeur existe. Mais je suis quasi-certain qu'on va y arriver", sourit le docteur Dominique Grandjean.
L'homme qui a eu l'idée de former les chiens à la détection du virus.  

La phrase ne sonne pas comme un simple vœu pieux.

Dominique Grandjean est professeur à la très renommée école nationale vétérinaire d’Alfort, colonel de la brigade de sapeurs pompiers de Paris en charge des équipes cynotechniques, et conseiller technique de la zone de défense Île-de-France. 

Une sommité reconnue dans le domaine cynothechnique

Reste maintenant à prouver que l'odeur existe

Il y a quelques mois, alors que le covid-19 fait son apparition, Dominique Grandjean apprend que l'université d'Auburn, en Alabama, a prouvé que les chiens pouvaient détecter des maladies des muqueuses chez les vaches. 

Le vétérinaire se dit qu'il n'y a pas de raison qu'ils ne puissent pas faire la même chose avec les hommes, grâce aux traces olfactives que laisserait le virus. 

200 millions de cellules olfactives, contre 5 millions chez l'humain

Alors il lance un appel sur facebook, en demandant si des responsables techniques à travers le pays sont partants pour participer à cet essai. 
"Qui ne fait rien n'a rien, et puis quand je vois la misère dans laquelle on se trouve en matière de tests, je me dit qu'on va être utiles".

A Ajaccio, le vétérinaire-commandant Benard en réfère à sa hiérarchie, qui lui apporte son soutien. 

"C'est à titre expérimental, on n'a aucune certitude d'arriver à nos fins, mais au moins on aura essayé. D'autant, et ça a son importance, que ça ne coûte rien, et qu'il n'y a aucun risque pour personne". 

L'hôpital d'Ajaccio répond présent très vite. 
La gendarmerie apporte également son concours, pour les aspects techniques, "ainsi que le SIS 2B, qui va rejoindre le protocole". 
L'université de Corte pourrait également participer. 

"Il y a une volonté de mettre en place un projet plus large, et donc des recherches de laboratoire, sur les effluves que les chiens auraient détectées", précise le docteur Benard. 

Cela pourrait permettre de vérifier s'il y a un composé systématiquement présent chez les "covid", et pas chez les autres"

Ca ne coûte rien, et personne ne risque rien

Mais le cœur du projet reste tout de même la détection par les chiens des malades. 
Reste à savoir quelle utilisation pourra en être faite. 

Mais cela, à en croire Dominique Grandjean, ce sont les résultats qui en décideront. 

"Si les chiens peuvent détecter l'odeur sur des gens, debout, habillés, on pourra l'utiliser dans les aéroports, les gares, et les ports", affirme le docteur. 

Si ce n'était pas le cas, ce pourra être un apport bienvenu aux tests, facile à mettre en œuvre et peu coûteux.
Et puis on pourra donner la recette pour former les chiens aux pays qui en ont besoin...".

La Corse, première volontaire

Pour l'heure, hormis Paris, la seule région qui participe à la démarche, c'est la Corse. 
En France en tout cas. 

Le Liban, sous l’égide du Professeur Riad Sarkis, de l'université franco-libanaise de Beyrouth, est partie prenante depuis le début.

Et hier soir, Les Emirats Arabes Unis ont confirmé au colonel GrandJean qu'ils se joignaient aux essais. 

La Belgique, le Brésil et l'Argentine devraient être les prochains sur la liste. 

"Tous vont suivre le même protocole de travail, les résultats vont se cumuler... Et le fait que des populations ethniques différentes prennent part à ces essais est important.
Nos glandes sudoripares ne sont pas les mêmes, et il faudra former les chiens en fonction des ethnies". 

Les conclusions des tests dans trois semaines

Quand on demande à Dominique Grandjean s'il en a parlé avec le gouvernement, ou avec la direction générale de la Santé, la réponse est claire.

"Je ne contacte que les gens sérieux. Il y a trop d'attentisme, à tous les étages. On n'a demandé d'argent à personne. Si on a des résultats, ils finiront par écouter". 

Le colonel Grandjean estime que ces résultats, vérifiés et validés, pourraient être connus dans trois semaines. 
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