Le Monde révèle dans son édition du 14 septembre, que le procureur général de Bastia demande le départ du chef de la police judiciaire. En cause, notamment,« un problème de relation de confiance avec les deux parquets du ressort» et de nombreux incidents.
Rupture entre le ministère public et la police judiciaire (PJ) en Corse.
Dans un article, daté du 14 septembre, Le Monde révèle que le procureur général de Bastia, Franck Rastoul, a demandé le départ du chef de la PJ, Christian Sivy en poste à Ajaccio depuis 2014, dans un courrier adressé à la direction des affaires criminelles et des grâces (DACG).
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"Jeter l'oprobre sur le patron de la PJ"
Dans un message adressé à la rédaction de France 3 Corse ViaStella, le procureur général de Bastia indique ne vouloir faire aucun commentaire. Il précise néanmoins que : « les procureurs de la République de Bastia et d’Ajaccio exercent […] leurs prérogatives de direction de la police judiciaire dans le seul intérêt des enquêtes sans stigmatisation d’aucun service ni d’aucune personne. »
Il continue : « La direction régionale de la police judiciaire d’Ajaccio joue un rôle de police judiciaire de première importance en Corse et suis attentif à la préservation de ce rôle au regard des enjeux existants. »
Du côté de la police, le directeur central de la police judiciaire, Jérôme Bonet, a dénoncé, dans un communiqué publié mardi 17 septembre, "l"opprobre" jeté sur le patron de la PJ en Corse. Il assure n'avoir "jamais eu connaissance d'une telle démarche" et assure sa confiance et son soutien aux enquêteurs de la PJ de Corse tout en décrivant Christian Sivy de "grand professionnel".
Une dizaine d'incidents
Le « problème de relation de confiance avec les deux parquets du ressort » débute dès 2015 et est marquée par une dizaine d’incidents.
Ainsi, début 2019, le parquet d’Ajaccio s’intéresse aux possibles avantages que Pascal Porri, membre de la bande du Petit Bar, aurait pu bénéficier de la part du promoteur immobilier Anthony Perrino et plus particulièrement la location d’un appartement cossu du front de mer ajaccien. La PJ affirme que Pascal Porri n’habite pas dans l’appartement. Une information qui sera finalement démentie.
Plus récemment, le 16 juillet, la perquisition du domicile de Charles Pieri, dans le cadre d’une affaire d’abus de confiance, pose problème. Alors que l’intéressé quitte son logement pour raison de santé, la procédure se fait devant deux témoins.
Ce jour-là trois armes de poing, un fusil de chasse, des munitions et un gilet pare-balles sont trouvés. Mais les témoins, deux militaires, refusent de signer le procès-verbal et contestent la présence d’armes au domicile de Charles Pieri. Un incident de procédure dont la PJ aurait été au courant et qui met en porte-à-faux la procureure de Bastia.
La magistrate a alors saisi l’IGPN (inspection générale de la police nationale), une action mal vécue par la PJ insulaire.