Les besoins en main d'œuvre sont en augmentation cette année encore en Corse. Il y a toujours plus de projets de recrutements, mais il est de plus en plus difficile de recruter. C'est le constat fait par Pôle Emploi après une enquête menée auprès des chefs d'entreprise.
Des milliers de postes, près de 20 000, sont à pourvoir en Corse en 2019. 5 % de plus que l'an passé.
3 000 serveurs, 1 500 employés d'hôtellerie, autant de cuisiniers. Ils figurent en tête des métiers les plus demandés.
Mais selon les employeurs interrogés par Pôle emploi, il est de plus en plus difficile de recruter. « On a quand même une certaine constance dans les difficultés de recrutement qu’on peut considérer. Si on s’intéresse aux principaux motifs, on est sur une pénurie de candidats, des candidats qui sont présents, mais qui n’ont pas forcément un profil adapté aux besoins des sociaux professionnels. Ensuite, on a des conditions un peu plus intrinsèques notamment liées à la nature du poste, on est sur un déficit d’image sur des postes qui ont un certain nombre de contraintes associées, notamment en termes d’horaires, de salaires », explique Marie Mondoloni, responsable statistiques Pôle Emploi.
Forte demande à Bonifacio et Porto-Vecchio
Des difficultés persistantes, et de plus en plus marquées. 55 % des recruteurs peinent à trouver un employé saisonnier.
Cyril Salini, restaurateur, recherche trois personnes :
Depuis quelques années, c’est compliqué d’avoir du personnel l’été. Avec tous les établissements qu’il y a en ville, le manque de structures hôtelières qui forment les jeunes, c’est compliqué. Il m’est arrivé de les loger à mes propres frais, que ce soient les chefs en cuisine, les gens en service, ça fait un coût plus élevé pour nous.
Pourtant, on note des changements : « Il y a de plus en plus d’emplois dits durables, du CDI ou du CDD de plus de six mois. Du coup, sur l’activité dite saisonnière, on n’est pas sur un schéma de contrats saisonniers d'un ou deux mois, mais plutôt de six ou sept mois », précise Pierre Pelladan, directeur régional Pôle Emploi.
Eugénie Bogdanova, saisonnière réceptionniste :
La jeune femme travaille 35 heures par semaine pour un plus que le SMIC. Cette quadrilingue occupe un poste de réceptionniste jusqu’en octobre. Être saisonnière n’est pas un choix.
Pour se projeter sur le long terme, c’est plus difficile. Quand on est en CDI, il y a une certaine sécurité, on peut faire des projets. Quand on est saisonnier, c’est plus un sprint qu’un marathon.
En 2019, c'est à Bonifacio et Porto-Vecchio que l'on projette le plus d'embaucher, avec une hausse spectaculaire de 26 %. Une entreprise sur deux va avoir besoin de renforts.
Opération « Recrut’Day »
Face à ces besoins en main d'œuvre, de grandes entreprises mettent en place des méthodes alternatives aux traditionnels CV et entretiens d'embauche. Elles proposent des ateliers et des mises en situation pour déceler les motivations et les capacités d'adaptations.
24 candidats ont répondu présent à un « Recrut'Day » organisé par une grande enseigne sportive de la région ajaccienne. Pour chacun, un seul objectif : décrocher un CDD de 25 à 35 heures, de juin à septembre, pour financer ses études ou ses projets.
12 postes sont à pourvoir, payés au SMIC. Alors pour choisir, la matinée a été consacrée au sport, pour repérer l’esprit d’équipe des candidats, et l'après-midi à des exercices concrets. « Aucune formation n’est obligatoire, juste de la volonté, être dynamique, responsable, souriant et vif. Voilà ce qu’on recherche pour une personne qui viendrait postuler pour la saison estivale. Toute la formation vente, mise en rayon sera faite après », indique Melissa Banon, responsable gestion du personnel.
Cette entreprise de 72 salariés utilise cette méthode pour la deuxième fois afin d'attirer des candidats de façon innovante et attractive.