Une consortium d’entreprises insulaires confirme qu’il prépare une « offre de reprise des activité de la SNCM ». Cette information est contenue dans un communiqué daté du 25 Juin.
Dans le texte remis à la presse on apprend que « des contacts sérieux avec des partenaires armateurs d’importance sont engagés ». Aucun armateur n’est cité.
Le « consortium » a constitué une société du nom de Corsica Maritima, lors d’une réunion « qui s’est tenue à Corte le 20 Juin ».
L’entreprise devrait être dotée d’un « capital variable » et être ouverte « en priorité à un premier cercle d’entreprises insulaires utilisatrices ». Sur ces entreprises corses, le communiqué précise que « 70 d’entre elles et des plus importantes de l’île ont déjà décidé de participer à cette démarche ».
Le communiqué est signé Pierre Anchetti. Il s’agit d’un des entrepreneurs corses du « consortium », présenté comme porte parole. Ce « consortium » avait été créé au début du moi de Juin.
Ce communiqué du 25 juin du consortium est à lire ici :
Un premier courrier au tribunal de commerce
L’annonce de ce 25 Juin est la suite logique d’un courrier daté du 5 Juin transmis au président du tribunal de commerce de Marseille. Début Juin, le « consortium » annonçait sa création et l’expliquait par « le contexte connu de la faiblesse des offres ».
Lire le courrier du « consortium » ici.
Les spécialistes du dossier estimaient que le niveau social et financier de ces offres était « insuffisant ». Le tribunal de commerce devait choisir un repreneur, parmi les trois candidats, le 10 Juin.
Ce jour là, les magistrats décidaient de reporter leur décision à la date du 25 Septembre « le temps de permettre à de nouveaux candidats de présenter des offres ».
Le report fait suite au courrier du « consortium » et à une autre lettre envoyée, également le 5 Juin au tribunal par le groupe frigoriste STEF, actionnaire de la compagnie maritime La Méridionale ». Tout comme le « consortium », STEF demande le report de la décision du tribunal.
Les deux courriers ont retiré une épine du pied au tribunal. A la lecture du jugement publié le 10 Juin, on a confirmation des insuffisances des trois offres présentées par les candidats : Baja Ferries, Med Partners et Rocca Transports.
Le jugement du tribunal peut être lu ici.
Un « consortium » avec quelles alliances ?
Dans son courrier, en date du 5 Juin, le « consortium » précise que « nous nous sommes d’ores et déjà rapproché d’un grand opérateur reconnu et spécialiste du transport maritime » L’opérateur n’est pas cité.
L’autre communiqué, celui du 25 Juin, parle de contacts avec des armateurs « (…) des contacts sérieux avec des partenaires armateurs d’importance sont engagés ». Ici, également, pas de nom d’armateurs cités.
Pourtant, le « consortium » serait en contact avec quatre armateurs, dont deux sociétés italiennes. Le fait que les deux courriers, celui du « consortium » et de STEF, soient envoyé le même jour soulève des interrogations. Aujourd’hui, le « consortium » ne souhaite pas dire si, parmi les « armateurs d’importance » il y a le groupe STEF.
Dans une interview accordée à France 3 Corse, le 11 Juin, Francis Lemor PDG de STEF tient à démentir toute entente. « Est-ce que les futurs associés de votre future société ne seraient pas, comme par hasard, ces huit entrepreneurs ? ». Le PDG de STEF hésite et répond « Non ! J’ai appris, en même temps que vous, cette initiative ».
En présentant son projet à la presse, le 11 Juin, Francis Lemor estime que son groupe est un « pivot » et affirme que ce projet sera « constitué avec ces partenaires régionaux provençaux et corses ». Pourtant, un seul nom est cité. Il s’agi de Patrick Rocca PDG du groupe Rocca Transports. C’est l’un des trois candidats débouté par le jugement du tribunal de commerce. Pour le PDG de STEF, Patrick Rocca « pourrait faire partie du tour de table » car « il a l’atout d’être corse, d’être un transporteur routier et d’être déjà notre client ».
Le groupe Rocca et le « consortium » se rejoignent-ils ?
Selon les informations que nous possédons, le groupe Rocca ne fait pas partie des 70 entreprises dont parle le communiqué du 25 Juin.
Mais le groupe STEF ferait bien partie des quatre armateurs contactés par Corsica Maritima.
Quelle est la démarche du « consortium » ?
Son communiqué estime que « Corsica Maritima n’a pas comme objectif de réaliser une quelconque opération financière, ou spéculative, mais de permettre dans la transparence, aux acteurs de l’économie insulaire de participer activement à la gestion d’un maillon vital pour leur économie ».
Il y a, au moins deux lectures de cette histoire :
1) La candidature du groupe Rocca a inquiété de nombreux acteurs économiques en Corse. Patrick Rocca est le plus gros transporteur routier de l’île. En s’associant à une compagnie maritime en qualité d’actionnaire, il posséderait un énorme avantage sur ses concurrents. Tous les domaines sont concernés, aussi bien le transport routier que la distribution. Si le transporteur devient armateur, il contrôle ses marges sur les remorques transportées par… ses navires. Cela lui donne un pouvoir économique considérable.
2) La seconde lecture concerne le rôle des pouvoir publics. En haut lieu, on ne semble pas voir d’un bon œil la candidature du groupe Rocca. Mais aucune autorité ne s’exprime ouvertement sur ce dossier. De fait, le groupe Rocca peut feindre l’ignorance d’une supposée suspicion.
A ce jeu, il est facile de rétorquer que l’avantage dont pourrait bénéficier le groupe Rocca Transports sera le même pour le « consortium » s’il reprend la SNCM.
Comment va évoluer le dossier ?
Pour l’instant l’histoire de la reprise de la SNCM reste compliquée, surtout quand on essaye de comprendre les enjeux sous jacents des différentes offres.
Pour l’instant l’État semble avoir des difficultés à gérer ce dossier.