Après le confinement, les salles de sport privées sont de nouveau contraintes à la fermeture. Les professionnels sont en colère, et inquiets quant à l'avenir. Sébastien Rozier, gérant de deux clubs dans la région ajaccienne, témoigne.
Le 2 décembre prochain, la salle de sport Fitness Park de Sarrola-Carcopino aurait dû fêter son premier anniversaire. À cette date, l'établissement gardera pourtant portes closes.
Jeudi dernier, les deux départements corses ont été placés en zone "d'alerte maximale"et un couvre-feu a été instauré par le gouvernement. Outre l'interdiction de circuler entre 21 heures et 6 heures, d'autres mesures s'appliquent dont la fermeture des salles de sport privées pour une durée de six semaines.
"Je suis sidéré, c'est une aberration. Nous en sommes arrivés là parce que le gouvernement n'a pas su gérer la situation. Moi, si je ferme, je perds tout", déplore Sébastien Rozier, gérant de deux Fitness Park à Ajaccio qui comptent 2.000 adhérents.Moi, si je ferme, je perds tout.
Actuellement, une dizaine de salariés est au chômage partiel.
70 litres de gel hydro alcoolique par semaine
Depuis le mois de mars et le début de la pandémie de Coronavirus, les salles de sport ont fermé deux mois et demi. "On a rouvert entre juillet et août, mais c'est une période vraiment très calme pour nous, et en septembre les gens sont restés en retrait à cause du climat anxiogène", souligne Sébastien Rozier.C'est un investissement de 5.000 euros par mois par club.
Durant cette courte période d'activité tout a été mis en place pour respecter les gestes barrières. Une machine de cardio sur deux a été condamnée, du gel hydro alcoolique a été placé en libre-service notamment pour la désinfection du matériel.
70 litres ont été utilisés chaque semaine dans les deux salles. "À cela, il faut ajouter le papier essuie-mains, l'équivalent d'une palette toute les deux semaines. En tout, c'est un investissement de 5.000 euros par mois et par club", indique Sébastien Rozier.
"On est dans un pays qui nage à contre-courant"
Pour le gérant des deux clubs ajacciens, la fermeture totale est d'autant plus incompréhensible qu'une étude du syndicat France Active, dont il est membre, a établi qu'aucun cluster n'a, pour l'heure, été identifié dans une salle de sport.
"On est un pays qui nage à contre-courant. Si on prend l'exemple de l'Espagne, les salles de sport restent ouvertes car la pratique d'activité physique est considérée comme un atout dans la lutte contre la Covid", soutient Sébastien Rozier.Pour pallier la fermeture des salles, des cours en ligne sont proposés deux fois par jour pour permettre de "garder une petite activité", mais l'avenir reste incertain. "On essaye de se rassurer en se disant qu'officiellement ça ne doit durer que jusqu'au 4 décembre. Mais on n'a aucune visibilité et ça fait longtemps que je ne crois plus au Père Noël", ironise Sébastien Rozier.
Et les projections de France Active ne sont pas faites pour rassurer le chef d'entreprise. Selon le syndicat, un tiers des 4.600 salles de sport réparties sur l'ensemble du pays pourraient fermer dans les six à huit semaines.