Mauvaise nouvelle pour le secteur de l'hôtellerie-restauration : les établissements ne seront vraisemblablement pas autorisés à rouvrir avant la fin de l'année. Le gouvernement plancherait sur une reprise de l'activité le 15 janvier. Une décision "injuste" selon Karina Goffi, présidente de l'Umih2B.
"C'est la pire nouvelle qui pouvait tomber."
Dur réveil, ce mardi 17 novembre, pour ce restaurateur de Corte. Selon une information de franceinfo, étayée de sources concordantes, les cafés, bars et restaurants ne rouvriront pas avant la fin de l'année.
Le gouvernement pencherait ainsi pour une date de reprise des activités des établissements le 15 janvier 2021. Une date qui reste cependant à confirmer.
Pour Karina Goffi, présidente de l'union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih) de Haute-Corse, l'annonce a fait l'effet d'une douche froide. "Nous n'en sommes absolument pas satisfaits. Pour nous, ce second confinenement est très mal géré."
Une prolongation des fermetures "injuste"
Elle regrette ainsi une nouvelle décision "illogique" de la part du gouvernement. "Si le confinement était total, nous aurions accepté cette fermeture. Mais quand on voit qu'il n'est plus possible de se rendre aux restaurants mais que les fast-food restent ouverts, et qu'on peut toujours laisser nos enfants à la cantine, cela n'a pas de sens, et c'est une injustice."Les établissements de restauration, poursuit Karina Goffi, "sont tenus responsables de la contamination de la moitié de la Corse."
Des accusations portées, selon elle, sans la moindre preuve tangible : "nous avons demandé à l'Agence régionale de santé de nous signaler des cluters détectés lors du déconfninement dans les cafés ou restaurants de l'île. Aucune information ne nous a été remontée."Le président a considéré qu'il n'était pas légal de confiner une catégorie de la population. Mais c'est tout à fait légal à leurs yeux de confiner un unique secteur d'activité.
Plus encore, "le président a considéré qu'il n'était pas légal de confiner une catégorie de la population. Mais c'est tout à fait légal à leurs yeux de confiner un unique secteur d'activité."
Des chefs d'entreprises démoralisés
Depuis l'arrivée de la pandémie de Covid-19 en France, sept établissements de restauration insulaires auraient déjà mis la clé sous la porte, assure l'Umih. "Aujourd'hui, les gens commencent à baisser les bras. Les chefs d'entreprise sont démoralisés. On ne dispose d'aucune visibilité sur la suite, et ça pousse certains à l'arrêt de leur commerce, ce qui impacte aussi forcément les employés."Le gouvernement a bien indiqué que des aides diverses seront allouées aux commerçants contraints de fermer avec le reconfinement généralisé. Un soutien financier supplémentaire à destination du secteur de l'hôtellerie-restauration devrait également être annoncé dans le courant de la semaine prochaine par le Premier ministre, Jean Castex.
Problème : selon Karina Goffi, ses aides tarderaient à arriver. "Les discothèques ont porte closes depuis sept mois, et n'ont toujours rien touché. Sur l'île, on nous annonce que ça devrait tomber dans le mois... Mais c'est un temps beaucoup trop long pour les sociétés qui sont en danger."Pour les établissements qui n'ont pas ou peu de trésorerie, c'est une situation très compliquée.
Il y a bien les prêts garantis par l'Etat, ouvert aux entreprises, de toute taille et tout statut, impactée par la pandémie de coronavirus. "Mais on parle là de prêts, qui seront donc à rembourser", se désole la présidente de l'Umih 2B.
Parallèlement, "le chômage partiel nous a permis de sauver des emplois, mais le salaire de nos collaborateurs, nous devons l'avancer avec d'être remboursés par l'Etat. Pour les établissements qui n'ont pas ou peu de trésorerie, c'est une situation très compliquée."
Des rassemblements de soutien annoncés
Karina Goffi est catégorique : l'Umih n'entend pas laisser les fermetures des bars, restaurants et cafés se péréniser. "Nous sommes restés très calmes jusqu'ici, nous n'avons fait que négocier et fait de notre mieux pour être coopératif, mais aujourd'hui ce n'est plus possible. Nous ne pouvons pas accepter de laisser mourir nos entreprises de la sorte."Un recours est préparé par le syndicat "au niveau national". Des rassemblements de soutien sont en parallèle déjà annoncés sur tout le territoire français.
L'Umih 2B espère désormais recevoir le soutien des politiques insulaires, jusqu'ici restés "très calmes et discrets", estime Karina Goffi.
Le branche insulaire du syndicat finalise ainsi un dossier avec l'ensemble des professionnels de l'île. Le but, forcer Paris à "prendre en compte les spécificités corses et venir vraiment en aide" aux commerçants et artisans.
Le document devrait être soumis au vote à l'Assemblée de Corse le 26 novembre prochain. "Si le vote est positif, nous organiserons un rassemblement de soutien, glisse Karina Goffi. Et s'il va dans le mauvais sens, nous manifesterons. Dans les deux cas, il n'est pas question de nous laisser faire."