Figure de l'extrême droite française, Jean-Marie Le Pen est décédé ce mardi 7 janvier à l'âge de 96 ans. Au cours de sa longue carrière politique, le fondateur du Front national s'était rendu à quelques reprises en Corse, où ses déplacements avaient d'abord provoqué des débordements avant que sa relation avec l'île ne s'apaise.
"Jean-Marie Le Pen, entouré des siens, a été rappelé à Dieu ce mardi à 12 heures", a indiqué sa famille dans un communiqué transmis à l'AFP ce mardi 7 janvier.
L'homme politique, dont l'état de santé s'était dégradé ces dernières années, s'est éteint dans un établissement de la région parisienne où il se trouvait depuis mi-novembre.
Depuis une dizaine d'années, le fondateur du Front national - devenu ensuite Rassemblement national - s'était progressivement retiré de la vie politique, lui qui avait été battu par Jacques Chirac au second tour de la présidentielle de 2002. En 2011, sa fille, Marine Le Pen, lui avait ensuite succédé à la présidence du RN.
Pendant plus de quarante ans, le parcours de Jean-Marie Le Pen aura également été marqué par les conflits et les provocations qui ont souvent pris le pas sur les logiques électorales, y compris en Corse. En témoignent les relations tumultueuses qu'il a entretenues avec l'île au début des années 1990. Une époque où certaines de ses venues avaient suscité la réprobation d'une partie de l'opinion corse, notamment celle des nationalistes.
En février 1992, des militants d'A Cuncolta naziunalista avaient notamment empêché son avion d'atterrir à Poretta. Jean-Marie Le Pen, venu dans le cadre des élections territoriales de mars 1992, n'avait pu ensuite tenir son meeting à Ajaccio. Dans l'île, la liste FN obtiendra 5,09% des voix.
Deux ans plus tard, le chef de file de l'extrême droite sera de nouveau bloqué à ce même aéroport de Bastia.
Le reportage de Marc-Antoine Renucci, Vincent Madec et Fabien Bernardini :
Les relations avec la Corse de Jean-Marie Le Pen s'apaiseront par la suite, notamment à l'occasion de la campagne des élections européennes de 2004 où il tiendra une réunion dans un hôtel de la route des Sanguinaires, à Ajaccio.
Deux ans plus tôt, lors du second tour de l'élection présidentielle de 2002, sa candidature avait obtenu pour la première fois un score plus élevé en Corse (20,24 %) qu'au niveau national (17,79 %).
Dynamique
Ce scrutin marque le début d'une dynamique qui verra ensuite le RN, porté par sa fille, creuser progressivement son sillon dans l'île : d'abord au premier tour de la présidentielle de 2017 où le parti d'extrême droite arrivera en tête. Idem en 2022 où Marine Le Pen s'adjuge cette fois les deux rounds du scrutin présidentiel.
Dernière illustration de cette adhésion dans les urnes insulaires : la qualification des quatre candidats du parti, désormais présidé par Jordan Bardella, au second tour des dernières Législatives. Une première historique en Corse pour le Rassemblement national, héritier du Front national fondé par Jean-Marie Le Pen en 1972.