Déclarations de Gilles Simeoni : une session de l'assemblée de Corse riche en non-dits

Tous les yeux étaient tournés vers l'hémicycle, deux jours après les propos du président de l'exécutif, jugés menaçants par une partie de l'opposition. Mais les débats de la session n'ont pas donné lieu aux passes d'armes attendues. 

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Près de deux heures de retard. La session de l'assemblée de Corse, en raison d'un problème de micro, n'a pas débuté avant la fin de la matinée. Ce qui laissait tout le loisir de prendre le pouls des élus, qui patientaient dans les couloirs. Et sans surprise, sur toutes les lèvres, les propos tenus par Gilles Simeoni, quarante-huit heures plus tôt, lors d'une conférence de presse. 

"S'il faut construire un rapport de force avec l'Etat, y compris par des moyens qui ne se limitent pas à l'action institutionnelle, on sait d'où l'on vient et ce que nous sommes capables de faire". 

A fleurets mouchetés

Autant dire que l'on s'attendait à quelques polémiques énergiques lors des questions orales de la matinée. Au final, rien de tel. Au programme, soutien à l'accompagnement inclusif, précarité étudiante ou installation des jeunes agriculteurs.

Il a fallu attendre près d'une heure avant que le sujet fasse son apparition. Timidement. A l'occasion d'une question posée par Jean-Martin Mondoloni sur l'acquisition d'une parcelle de l'île de Cavallo. 

En préambule, l'élu prend soin de s'étonner de poser cette question dans un "contexte particulier, que vous avez créé avant-hier lors d'une conférence de presse". Rien de plus. 

L'échange est néanmoins plus tendu que les précédents. Pour le président de l'exécutif, cette acquisition doit faire comprendre à certains que les Corses sont partout chez eux en Corse. Et qu'aucun endroit ne doit leur être confisqué.

"C'est la mission que nous ont confié les Corses en votant pour nous". Une mission qu'il affirme être décidé à accomplir, en usant de tous les moyens à sa disposition. Dans le cadre de la démocratie, prend-il bien soin de préciser.
Fin de l'échange. Ce sera tout pour la passe d'armes...

Frontières de la démocratie

Gilles Simeoni oppose la même réponse chaque fois que, depuis deux jours, on tend un micro vers lui. Le rapport de forces qu'il entend instaurer avec l'Etat, il se fera dans les limites démocratiques.

Les Corses doivent en ce moment faire face à des problèmes bien plus que graves que la question de savoir si l'on doit faire la guerre à l'Etat.

Jean-Martin Mondoloni

Mais apparemment, cela ne convainc pas ses opposants. Qui, à en croire Valérie Bozzi, présidente du groupe La Corse dans la République, voulaient demander des comptes a président de l'exécutif dans l'hémicycle. Mais n'en ont pas eu la possibilité. "En commission permanente, hier, j'ai demandé à ce que ces propos soient expliqués. Ces explications m'ont été refusées, je le regrette". 

De son côté, Jean-Martin Mondoloni enfonce le clou. "Ce qui compte ce n'est pas tant ce qu'a dit le président que la manière dont cela a été perçu par certaines personnes. Des personnes dont on sait bien qu'elles n'attendent qu'un mot pour renouer avec la violence. Il met le débat politique à un niveau qui nous semble dangereux. Les Corses doivent en ce moment faire face à des problèmes bien plus que graves que la question de savoir si l'on doit faire la guerre à l'Etat". 

Bref, si la question a été à peine survolée dans l'hémicycle, les Corses, apparemment, n'ont pas fini d'en entendre parler.

 

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