Gilles Simeoni : "Nous sommes dans une situation politique d'une gravité extrême"

Lors d'une conférence de presse organisée ce mardi à la Collectivité de Corse, l'Exécutif a tiré à boulets rouges sur l'Etat et ses représentants dans l'île. Pour les nationalistes, le gouvernement a installé une situation sans précédent "de blocage et de déni" que la majorité "refuse d'accepter" 

"C'est la première fois depuis 1982 qu'un gouvernement fait le choix politique de décider qu'il n'y a pas de question corse et qu'elle ne se pose pas en des termes politiques". Micro à la main, visage grave, Gilles Simeoni ne mâche pas ses mots. Entouré des membres du conseil exécutif de Corse, le président de la coalition nationaliste donne le ton d'une conférence de presse organisée pour dénoncer une "crise politique d'une gravité extrême" qui intervient dans un contexte particulièrement critique.

Crises multiples

Crise sanitaire, crise économique dans la région la plus touchée par les effets de la pandémie de Covid-19, crise budgétaire : "Le cumul des contraintes est sans précédent", insiste Gilles Simeoni en faisant l'inventaire des maux qui touchent la Corse depuis les douze derniers mois. 

Mais ce qui motive la prise de parole de l'Exécutif de Corse, c'est sans doute possible les rapports plus tendus que jamais entre les nationalistes et l'Etat. 

En refusant d'autoriser le rapprochement d'Alain Ferrandi et de Pierre Alessandri à la prison de Borgo, en opposant une fin de non-recevoir au plan Salvezza è Rilanciu voté à l'unanimité par l'Assemblée de Corse, Emmanuel Macron et son gouvernement ont en effet infligé en quelques semaines deux camouflets à la majorité territoriale. 

Deux déconvenues qui viennent s'ajouter à une liste déjà longue puisque depuis 2015 et son arrivée à la tête de la Collectivité de Corse, les nationalistes se sont trouvés face à mur. 

Aujourd'hui, cependant, Gilles Simeoni juge que la Corse est confrontée "à une crise politique d'une gravité extrême" et que ses élus font face à une situation de "blocage mais aussi de déni" de la part du gouvernement qui considère que "la Corse n'a pas de langue, pas de peuple et pas d'institution particulière".

"C'est moi qui tiens le chéquier, c'est moi qui décide"

Plus grave, les nationalistes estiment que "l'Etat central alimente la crise" en installant "une logique de confrontation et de provocation". Exemple : le refus du préfet Pascal Lelarge de recevoir une délégation des élus pour discuter du plan Salvezza. "Nous sommes face à une situation où l'on nous dit : Je tiens le chéquier, c'est moi qui décide et la Collectivité doit se plier", gronde Gilles Simeoni. Et de poursuivre :"En tant que nationalistes, on ne peut pas se satisfaire ni accepter cette situation". 

Pas question non plus d'accepter plus la "stratégie politique" d'un Etat qui "cherche à opposer la Collectivité aux intercommunalité et aux communes", poursuit le président de l'Exécutif. "La Corse ne sera pas divisée, nous allons travailler main dans la main avec les associations des maires, avec les communes et les intercomunalités"

Quelle solution, alors? "Pas question de céder"  répondent en coeur les nationalistes. Ni de prêter le flanc à un "Etat qui veut faire croire que nous refusons le dialogue".  "Nous garderons le cap quelles que soient les provocations, abonde Jean-Christophe Angelini, le président de l'Adec. Il n'y aura ni renoncement ni aveuglement"

"On sait d'où l'on vient et ce que nous sommes capables de faire"

Discuter, négocier mais ne rien lâcher : c'est le mot d'ordre commun. Si Gilles Simeoni a rappelé à plusieurs reprises que les nationalistes avaient choisi "le chemin de la démocratie" et n'entendaient pas en sortir, le président de l'Exécutif prévient : "S'il faut construire un rapport de force avec l'Etat, y compris par des moyens qui ne se limitent pas à l'action institutionnelle, on sait d'où l'on vient et ce que nous sommes capables de faire"

Une prise de position qui sonne comme un rappel aux fondamentaux du mouvement nationaliste, à moins de six mois des élections territoriales. Et une conférence de presse qui permet à la majorité territoriale de se présenter unie, alors que les divisions entre les trois mouvements se faisaient de plus en plus pesantes. 

 

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