Le Comité d’entreprise de la MCM, l’ex SNCM, a voté majoritairement contre le projet qui lui était soumis par la direction de la compagnie, mardi 22 mars. L’avis du CE n’est que consultatif, on ignore pour l’instant si la direction va essayer d’entériner la fusion.
L’intersyndicale CGC, FO, CGT a rejeté le plan d’absorption. Le STC (Syndicat des Travailleurs Corses) a voté pour le plan de reprise par Corsica Maritima. Le syndicat nationaliste estime que c’est une étape vers une compagnie maritime régionale, gérée par la CTC (Collectivité Territoriale de Corse). Nous n’en savons pas plus, pour l’instant, sur la position du STC. Le délégué syndical de la MCM ne veut pas discuter avec l’auteur de ces lignes.
L’intersyndicale de son côté estime que toutes les garanties ne sont pas abordés et que certains points ne sont pas contenus dans le plan : Quid du Maghreb ? Quel financement en cas d’un nouveau plan social ? Quel sera le montant des subventions de la future DSP (Délégation de Service Public) Marseille Corse ?Des interrogations juridiques
En novembre 2015 le tribunal de commerce de Marseille a attribué la SNCM à Patrick Rocca (MCM). Quatre mois après, un projet prévoit l’absorption, à 100%, de la compagnie par la société qui avait été rejetée par le tribunal (Corsica maritima). L’intersyndicale estime que le tribunal doit être saisi pour avis. Le procureur de la République de Marseille a déjà fait savoir qu’il estimait cette fusion intégrale comme un problème.
Il y a un autre obstacle sur le chemin de cette "fusion", c’est le changement de siège de la future société. Devant le tribunal de Marseille les deux candidats avaient écrit dans leur projet de reprise que le "siège de l’entreprise resterait à Marseille". Aujourd’hui, le nouveau projet de Corsica Maritima prévoit un transfert en Corse.
Que va faire la direction de MCM ?
L’intersyndicale souhaite que Patrick Rocca soumette le projet au tribunal de commerce. De plus, pour ces syndicats, l’absorption à 100% est "prématurée". Il n’est pas sûr que l’actuel dirigeant de MCM suive la demande des syndicats. Ces derniers peuvent saisir le tribunal et la cour peut s’autosaisir.
On n'en est pas encore là. La direction de la compagnie attend les propositions écrites de l’intersyndicale, même position pour les représentants de Corsica Maritima venus présenter leur projet devant le CE. Deux des dirigeants de la société repreneur, Pascal Trojani et Pierre Anchetti ont exposé leur plan devant les représentants du personnel, apparemment sans succès.
La confiance est ébranlée à la suite de l’épisode de tentative de repeindre les navires en rouge, aux couleur de la Corsica Linea (Corsica Maritma) alors que la "fusion" n’est pas effective. Mais l’intersyndicale dit "être ouverte à de nouvelles propositions des repreneurs". Il y en aura-t-il et si oui lesquelles? En tout cas, le premier constat est que ce projet a élargi le fossé entre les syndicats au sein de l’entreprise.
► Un sujet d'Alain Verdi et de Frédéric Renard